"Ce que je sais de toi" d'Eric Chacour (Editions Folio): un très beau roman!
Le club lecture du boulot a repris du service (on passera sur le souci d'organisation… je m'excuse platement auprès des collègues) et c'est donc l'occasion de découvrir des pépites.
Et ce Ce que je sais de toi fera incontestablement partie des plus jolies lectures de l'année 2025!
Pitch (4ème de couv):
"Dans le Caire des années 1980, Tarek est un jeune homme à l'avenir tout tracé. Après avoir repris le cabinet médical de son père, il s'apprête à épouser Mira, son amour de jeunesse. Mais en ouvrant un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam, Tarek fait la connaissance d'Ali. Cette rencontre inattendue ne tarde pas à ébranler ses certitudes…"
D'abord, il ne faut pas se laisser décontenancer par la narration à la deuxième personne du singulier. Un "tu" qui donne le tournis et m'a demandé une certaine gymnastique mentale pour remettre régulièrement en place le personnage derrière ce "je" qui se déguise. Une façon de créer une proximité immédiate avec les émotions de Tarek, plaçant le lecteur dans un rôle de confident. A moins qu'une autre explication ne vienne finalement dévoiler la raison de ce parti-pris du "tu" pour raconter sa propre histoire?
Peut-être bien… Car finalement, ce roman est plein de révélations.
Recouvert d'une accumulation de voiles, le jour se fait doucement sur les épreuves que traverse Tarek, personnage principal de cette histoire. Autour de lui, tout est tu (oui encore ce "tu"). Ou au mieux, c'est le corps qui parle. Le non-verbal, les attitudes crachent à la figure les reproches ou l'amour qui ne se disent pas. Pour tenir le rang attendu dans la société conservatrice égyptienne, on fait mine de ne pas voir, de ne pas ressentir, de ne pas nommer. Pour que ça, n'existe pas: l'homosexualité. Petit à petit, pour éviter le déshonneur, c'est toute une famille qui se déchire faute de se parler, biaisant la relation qui les unissait jusque-là. Et Tarek, poussé dans les retranchements du renoncement devra, par courage ou par lâcheté, faire des choix pour se préserver des siens, famille et peuple égyptien.
Pour un premier roman, Eric Chacour révèle une plume incroyablement sensible dans la façon de décrire les émotions. L'amour est pudeur, le drame est pudeur. L'écriture est sublime et vient tout droit toucher le petit cœur de guimauve des lecteurs.
Ce que je sais de toi est un roman bouleversant à offrir sans modération à ceux qu'on aime (c'est bientôt Noël!).
PS: c'est une Baignoire d'Or!



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