"Intérieur nuit" de Nicolas Demorand (Editions Les Arènes): la sécurité du gris

Témoignage sur la bipolarité dont souffre l'auteur, ce livre vient expliquer plus largement la souffrance endurée par ces patients, bien souvent livrés à eux-mêmes avant qu'on daigne se pencher sur leurs cas.

Pitch (bandeau de couv):

"Les évènements racontés dans ce livre se déroulent sur plus de vingt ans. Pendant toutes ces années, je me suis tu. Aujourd'hui, j'écris en pensant à toutes celles et ceux, des centaines de milliers, peut-être des millions, qui souffrent en silence du même mal."

Est-ce que j'ai appris des choses sur la maladie en tant que telle en lisant ce roman? Non, car mon métier m'avait déjà sensibilisé à cela et continue de le faire.

Mais est-ce que j'ai pris la mesure du parcours du combattant que c'est pour les malades? Certainement davantage. L'errance médicale, l'incompréhension, le charlatanisme, la honte, les stratégies pour éviter d'être "démasqué" par sa famille, ses amis, ses collègues.

Et toute cette souffrance pour tenter de trouver cet équilibre afin que les émotions ne versent pas dans le up ou le down. Arriver à se satisfaire du "moyen". C'est peut-être d'ailleurs ce que je retiendrais avant tout de ce récit et que je trouve le plus triste. La crainte de ressentir des émotions fortes, mêmes les plus belles (surtout les plus belles!) car elles signent probablement un nouveau cycle de dérèglement de l'humeur. Et comme l'explique Nicolas Demorand, devoir se contenter de voir la vie en gris. Car le gris, c'est finalement la sécurité entre le blanc et le noir. 

Une prise de parole sans édulcorant sur la difficile, mais pas impossible, route vers la prise en charge de la santé mentale. La célébrité de son auteur facilitant la mise en lumière de ces maladies synonymes de folie qui restent bien souvent enfermées à triple tour dans le placard de la honte, dans la sphère privée ou publique. Un témoignage utile et nécessaire!