"Et chaque fois, mourir un peu. Tome 1: Blast" (lu par Thierry Blanc pour Audible): Impact dans 3... 2... 1...

Impossible de ne pas ressortir secouée d'un tel roman. Entre fiction et documentaire, la plongée dans le quotidien du travail humanitaire sur les terrains de guerre crée un tsunami d'émotions, entre horreur et admiration.
Un énooooorme coup de cœur pour ce roman! Et donc une énoooooooorme Baignoire d'Or!

Pitch (4ème de couv):
"Monter au front sans arme ni gilet pare-balles. Soigner les autres au péril de sa vie. Se sentir utile en ce monde. De Sarajevo à Gaza, en passant par Grozny, la Colombie ou l'Afghanistan, Grégory se rend au chevet des sacrifiés sous l'égide de la Croix-Rouge internationale. Chaque victime sauvée est une victoire sur la folie des hommes. Chaque vie épargnée donne un sens à la sienne. Peu importe les cicatrices et les plaies invisibles que lui laisse chaque conflit.
Ne pas flancher, ne pas s'effondrer. Ne pas perdre la raison.
Choisir.
Sauver cette jeune fille, condamner cet adolescent. Soigner ce quadragénaire, laisser mourir cet enfant.
Choisir.
Endurer les suppliques d'une mère, d'un père.
Certains tombent à genoux devant lui, comme s'il était Dieu.
Choisir.
Tenter de sauver cette femme. Sacrifier sa petite fille qui n'a que peu de chances de survivre à ses blessures.
Choisir.
Et chaque fois, mourir un peu."


Âmes sensibles s'abstenir. Et pour les autres, accrochez tout de même bien votre cœur!
Car c'est dans une plongée dans ce que l'Homme peut faire de pire que Karine Giebel vient entrainer ses lecteurs. Dans tout ce que la guerre fait subir de plus atroce aux populations civiles, femmes et enfants en premières lignes.
Il est bien sûr possible de décider, après les premiers chapitres, de refermer ce bouquin. Ou comme moi qui ai écouté sa version audio, de se boucher les oreilles pour mettre fin au cauchemar. Mais c'est sans compter sur la force d'écriture de Karine Giebel! 

Elle nous arrime à Grégory, infirmier humanitaire dévoué, qui ne peut se résoudre à abandonner ceux qui ont déjà tout perdu. Alors comment nous, lecteurs, pouvons-nous l'abandonner lui-même dans cette descente aux enfers? Car le souffle d'une bombe ne détruit pas que les populations autochtones, il laisse des traces indélébiles dans la psyché de ceux qui tentent de sauver ceux qui peuvent encore l'être. Qui ont pour mission de remettre un brin d'humanité dans tout ce chaos.

Très documenté et s'appuyant sur les récits des humanitaires/reporters/rapporteurs, l'autrice vient nous mettre la tête dans la réalité des génocides, mutilations, enrôlement d'enfants soldats et autres tortures physiques et psychologiques en tout genre. Et nous oblige à regarder la vérité en face: oui, l'enfer existe sur Terre et il a été/est vécu par des millions de personnes.

Le récit alterne entre les terrains de guerre aux quatre coins du monde et le havre de paix de Grégory entre deux missions, dans les Hautes-Alpes. Des pauses salvatrices pour que le lecteur comme Grégory puissent reprendre leur souffle? Que nenni! Car l'histoire familiale de l'infirmier est loin d'être exempte de drames personnels. Aucun apaisement n'est possible, car en voulant sauver tout le monde, Grégory s'oublie et s'entraine dans une fuite en avant dont l'issue dramatique est teasée tout au long du récit. 
Une lecture sous tension du début à la fin.
Un roman impossible à oublier.
Et un respect infini aux volontaires de la Croix-Rouge internationale et de toutes les autres associations qui sauvent des vies au péril de la leur.

MA-GIS-TRAL!

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