"Temps glaciaires" de Fred Vargas (Editions Flammarion): sublifantasgénialistique!

Oui parce qu'il faut au moins un mot à la hauteur du dernier roman de Fred Vargas! Même un mot qui n'existe pas!

Pitch (4ème de couv qui est un également un extrait du roman): "Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur sa table, s'inclinant dans son fauteuil. Il avait à peine fermé l’œil cette nuit, une des ses sœurs ayant contracté une pneumonie, dieu sait comment.
- La femme du 33 bis? demanda-t-il. Veines ouvertes dans la baignoire? Pourquoi tu m'emmerdes avec ça à 9 heures du matin, Bourlin? D'après les rapports internes, il s'agit d'un suicide avéré. Tu as des doutes?
Adamsberg aimait bien le commissaire Bourlin. Grand mangeur grand fumeur grand buveur, en éruption perpétuelle, vivant à plein régime en rasant les gouffres, dur comme pierre et bouclé comme un jeune agneau, c'était un résistant à respecter, qui serait encore à son poste à cent ans.
- Le juge Vermillon, le nouveau magistrat zélé, est sur moi comme une tique, dit Bourlin. Tu sais ce que ça fait, les tiques?"




Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Fred Vargas et j'avais presque oublié à quel point ses romans sont exceptionnels. 
Quel plaisir de se replonger dans ses enquêtes au coté d'une brigade unique en son genre, par les "caractères" qui la compose.

Je vais vous décrire de façon succincte (et non-exhaustive) la faune récurrente de ce commissariat pour ceux qui n'auraient jamais lu les romans de Madame Vargas (soyez maudits sur 7 générations!!!):
Nous avons donc à la tête du service LE Jean-Baptiste Adamsberg, commissaire à l'allure pataude, lénifique et poétique qui irrite parfois ses collègues par son côté lunaire. 
Son fidèle bras droit Danglard, un hyper-mnésique alcoolique angoissé. Mais il y a aussi aussi Violette qui n'a de fragile que son prénom. Et Veyrenc à la chevelure bicolore à cause d'un traumatisme (qui fait l'objet d'un précédent roman).
Et des adjoints spécialistes de poissons ou d'oiseaux, ou entassant des tonnes de nourritures à l'idée de manquer, un vieux garçon vivant chez ses parents, un policier hyper-mnésique que ses collègues couvrent pour éviter qu'il ne soit renvoyé. Un chat qui refuse de monter les escalier pour atteindre sa gamelle et que l'on doit donc porter et accompagner lors de son repas afin qu'il daigne manger sa pâtée.
Des policiers un peu "secoués du ciboulot" mais terriblement efficaces, chacun à leur manière.
Ça c'était pour planter l'ambiance.

Quant au décor, cette enquête nous entraîne entre crimes en Islande et meurtres dans un cercle de Robespierristes. 

Vous me direz qu'il est impossible de mêler autant de lieux, d'époques et de personnages différents???? (Ah oui parce que j'ai oublié le sanglier qui s'appelle Marc aussi...)
C'est sans compter sur la funambule du crime, Fred Vargas, une artiste du Polar. Au terme du bouquin on se demande où est-ce qu'elle a bien pu aller chercher une telle histoire! Le cerveau de cette écrivaine ne doit pas être loin de la pelote d'algues que décrit son Jean-Baptiste!

En dehors de l'intrigue, "sa plume" est un vrai régal. Un style qui m'en rappelle un autre, celui du regretté Pierre Magnan. 
Peut-être cela vient-il des prénoms des personnages du roman: Amédée, Celeste, Elastère, Victor, Noël.... Mais avant tout parce que ses Polars frôlent la prose; les dialogues qui s'instaurent entre les personnages sont empreints de grâce, de métaphores, de second degré. Le caractère d'Adamsberg, "pelleteur de nuages", semble être un prétexte de l'auteur pour disserter par "touches" sur les petites et grandes choses de la vie.

Je le répète: sublifantasgénialistique!

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