"Une vie si convenable" de Ruth Rendell (Editions des 2 Terres): une étude de mœurs réussie

Avant tout, je tenais à exprimer toute la tristesse que j'ai ressenti en apprenant la mort de cette grande dame dont les romans m'ont accompagnés depuis plusieurs années (grâce toujours à ma môman).

Ruth Rendell était surtout connue pour ses polars, mais parfois, elle se laissait aller à décortiquer la société anglaise (et par extension, la nôtre) avec probablement l'inspiration de la rubrique "faits divers" des journaux. Alors certes, il y a un meurtre... mais ce n'est pas là l'essentiel... du tout!

Pitch (4ème de couv): "Grace et Andrew, frère et sœur, se sont toujours bien entendus. Lorsqu'ils héritent de la maison de leur grand-mère, il leur paraît naturel d'y emménager ensemble. Mais quand le compagnon d'Andrew s'installe à son tour, la vie dans la maison tourne au conflit. Pour échapper aux tensions, Grace, l'universitaire, se plonge dans un manuscrit du début du XXe siècle, jamais publié en raison de ses thèmes "subversifs". Elle y découvre l'histoire d'un frère et d'une soeur, lui homosexuel, elle mère célibataire, confrontés à la violence du regard de la société. Lorsque la vie des trois colocataires est bouleversée à son tour, au fil de sa lecture, Grace voit se télescoper les époques en un écho glaçant."

Pour une fois le bouquin est bien résumé par l'éditeur.... C'est suffisamment rare pour que je le mette en avant...

Ruth Rendell explore donc deux thèmes de société à deux époques différentes: l'homosexualité et l'homoparentalité (ou plutôt la grossesse et la parentalité chez les jeunes voire très jeunes femmes) en 2011 et dans les années 30 (jusqu'à la fin de la 2ème guerre mondiale). 
Tout ceci étant rendu possible par le fait que l'"héroïne" de 2011, Grace, rédige une thèse sur ces questions pendant l'époque victorienne. Un peu facile, mais on pardonne tout à Mme Rendell.

En fait, c'est surtout l'histoire de Mary et John (et Bertie, son amant) qui est au centre de ce roman. Et du stratagème abracadabrantesque auquel sont obligés de se plier le frère et la sœur afin de cacher, pour elle, sa grossesse illégitime, et pour lui, son homosexualité, l'un et l'autre étant élevés au rang de crimes. Ou  étant le plus souvent la cause de violences pouvant entraîner la mort.

Et c'était il y a peu de temps finalement... C'est surtout là-dessus que le roman donne à réfléchir. Est-ce que les temps ont vraiment changé? Aujourd'hui on ne condamne plus pénalement les homosexuels mais le regard que la société pose sur eux a-t-il vraiment évolué? Sommes-nous réellement plus tolérants ou plus convaincus par la cause? Ou faisons-nous juste semblant? Les résistances sont en tout cas présentes (il n'y a qu'à se rappeler les manifs pour tous... à faire peur!). Les choses n'ont peut-être finalement pas tant changées que ça, certains regards portés aujourd'hui sur ce sujet étant parfois aussi durs que les condamnations à la prison d'autrefois. 






Bref, comme d'habitude avec Ruth "tape juste", dans l'actualité, et son roman se dévore à vitesse grand "V". 

Cela lui allait bien de sortir des ornières et des codes du polar. Elle va manquer à beaucoup de lecteurs. 
R.I.P

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