"Poulets grillés" de Sophie Hénaff (Editions Le Livre de Poche): un polar décalé qui se mange sans faim

Il est frais ce polar, il est frais! N'en déplaise à son titre qui ne me donnait pas du tout envie ayant l'impression d'avoir à faire à un nanar, Sophie Hénaff arrive à dépoussiérer les codes du genre sans les trahir. Cela donne une enquête où, sous la cocasserie des personnages et des situations, pointe toujours une tendre humanité.
Génial!

Pitch (4ème de couv):
"Le 36 quai des Orfèvres s'offre un nouveau patron. Le but de la manœuvre: faire briller les statistiques en placardisant tout ceux qu'on ne peut pas virer et qui encombrent les services. Nommée à la tête de ce ramassis d'alcoolos, de porte-poisse, d'homos, d'écrivains et autres crétins, Anne Capestan, étoile déchue de la judiciaire, a bien compris que sa mission était de se taire. Mais voilà, elle déteste obéir, et puis… il ne faut jamais vendre la peau des poulets grillés avant de les avoir plumés!"


"[...] dans la chaleur de cette brigade, la vie s'y déroulait agréablement, dans une solidarité titubante. Le métier y perdait un bout de gravité."
J'ai relevé ces phrases du bouquin car elles résument parfaitement l'atmosphère de Poulets grillés.

Car oui, Sophie Hénaff signe là une vraie enquête avec crimes, investigation et auditions qui vont amener une brigade de flic à identifier le coupable. Et pourtant, loin de la gravité et classicisme du polar, elle injecte dans cette histoire un décalage comique pour limiter le trop sérieux du genre mais sans pour autant le ridiculiser. 

Et ça tient pour beaucoup au choix des personnages qui composent cette brigade de policiers, qu'on a mis au placard. Tous victimes de leur réputation ou préjugés: celui-là est alcoolo, celui-ci copine avec les journalistes, celle-là a la gâchettes facile, celui-là porte la poisse… Mais tous aussi bringuebalants qu'ils soient, casseroles ou clichés attachés aux pieds, ils restent flics. 
A la tête de cette équipe, la commissaire Capestan ne se laisse pas décourager et n'a que faire des clichés. Elle repère vite comment exploiter les talents de chacun que ce soit en matière de décoration d'intérieur, de conduite automobile ou de descente de bière. Et la camaraderie s'installe aussi durablement que leurs meubles, plantes et animaux de compagnie dans cet appartement-commissariat de la rue des Innocents.
Entre punchlines et scènes au pouvoir comique incontestable, l'empathie se fait la part belle dès qu'un personnage laisse affleurer sa sensibilité, ses souffrances.

Merci pour ce vent de fraicheur, Sophie Hénaff! Hâte de retrouver cette équipe dans la suite de leurs enquêtes.

(PS: j'ai été zieuté la bande-annonce du téléfilm tiré de ce roman. Pas convaincue!)

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