"La ligne" de Jean-Christophe Tixier (Editions Albin Michel): le conteur Tixier a encore frappé

Il y des plumes auxquelles on est immédiatement sensible, dès les premières pages. Ce fut le cas avec celles de Sandrine Collette et de Jean-Baptiste Andréa pour moi. Et avec la plume de Jean-Christophe Tixier donc, découvert il y a deux ans dans le cadre d'un jury littéraire avec son second roman Effacer les hommes.
Avec La ligne, l'auteur va encore plus loin dans l'exploration des âmes humaines, version expérience sociologique: un village, une ligne qui le coupe en deux. Les Hommes vont-ils pencher du côté de l'unité ou de la fracture?
Pour ma part, je penche sans hésitation du côté du coup de cœur pour ce roman!

Pitch (4ème de couv):
"Un matin, des villageois découvrent une ligne au sol qui sépare leur localité en deux. Une partition a été décidée par l'Etat. "Nous avons toujours vécu en paix les uns avec les autres", clament d'abord les habitants. Mais l'émoi suscité est vif et ce trait de peinture devient l'objet de toutes les préoccupations. La ligne traverse les terres, déchire les familles et les couples. Très vite le climat dégénère et les premiers accrochages surviennent, puis une disparition, un mort…"


La patte Tixier? Le huis clos à l'échelle d'un village/d'une famille et une étincelle/un catalyseur pour faire exploser les secrets, les non-dits, les désirs cachés, la rancœur et la violence.
Dans ce roman, le catalyseur est une ligne. Arbitraire et mystérieuse. Mais ce qui fait la différence avec ses précédents romans (et qui le rapproche, je trouve, de Sandrine Collette) c'est que tout n'est pas expliqué sur ce qui a amené au traçage imposé par l'Etat. Jean-Christophe Tixier assume la dystopie. Ce qui compte ce n'est pas la cause, c'est le résultat! 

Alors voilà l'expérience que l'auteur propose: coller une ligne au milieu d'un village aux apparences tranquilles. Et il n'a même pas besoin de secouer le bocal. La mayonnaise monte toute seule et il laisse, sous nos yeux de lecteurs, les habitants-cobayes se battre, débattre et se débattre. 
L'auteur tirant plutôt vers le noir, on peut se douter que tout ne va pas bien se passer. 
Mais en même temps, auteur noir ou pas auteur noir, ligne ou pas ligne, suffit de regarder les infos actuellement pour deviner comment finit l'histoire quand on trace des frontières réelles ou virtuelles entre les Hommes. Et c'est bien sûr tout le propos qui sous-tend le roman.

La talent de conteur d'histoire de Jean-Christophe Tixier fait de La ligne un roman magnétique. Et un auteur que je ne suis pas prête de lâcher!

PS: et en plus, pour ne rien gâcher, il est très sympa! #rencontredesquaisdupolar

Commentaires

  1. Je ne connais l'auteur que de nom. Il faudra que je le découvre un jour...

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    1. Tous ses romans sont des petites pépites. Il faut absolument le découvrir et aller discuter avec lui sur les salons ;)

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