"Et chaque fois, mourir un peu. Tome 2: Trauma[s]" (lu par Thierry Blanc pour Audible): terrible et sublime à la fois!

L'écoute de ce roman s'est étalée sur des mois. Car il faut digérer chaque chapitre. Chaque coup pris dans la tronche. Une longue descente aux enfers dont le lecteur est spectateur, impuissant.
Après le premier tome Blast, coup de cœur malgré toute l'horreur qu'il contient parce qu'il parle aussi d'espoir, Trauma(s) s'est avéré une lecture davantage douloureuse. Peut-être parce qu'il n'y a cette fois plus grand chose à sauver…

Pitch (4ème de couv)
"Après des années sur le front sans arme ni gilet pare-balle, après des années à soigner les autres au péril de sa vie sous l'égide de la croix rouge internationale, après avoir pris de plus en plus de risques jusqu'au risque de trop, une autre guerre attend Grégory.
Lors d'une dernière mission en Afghanistan les rôles s'inversent: les humanitaires deviennent des cibles.
Après tous les combats qu'il a mené, Grégory va devoir sauver sa propre vie et celle de ses collègues."


[ATTENTION SPOILS]

A la fin de Blast, on quitte Grégory alors qu'il vient de se faire capturer, otage des talibans, avec son ami Paul. Ce qui fait craindre une suite dantesque… Et c'est le cas: Trauma[s] n'épargne ni Grégory, ni les lecteurs!

Dans la première partie du roman, on accompagne l'humanitaire dans l'horreur de sa captivité. Un enchainement de violence par la multiplication de tortures physiques et psychologiques. Qui durent sur des pages et des pages. Qui demandent donc un cœur et un estomac bien accrochés. Et pour ma part, de looooongues pauses pour retrouver un quotidien salvateur. Gregory arrive pourtant à s'enfuir, et on le croit (et on SE croit) tiré d'affaire…
Mais c'est sans compter sur la plume acérée de Karine qui Giebel qui vient enfoncer davantage le couteau dans la plaie!

Car le mal est fait dans la tête de Greg! La dureté de ses missions humanitaires et l'horreur de la captivité aux mains de barbares forment un mélange explosif qui le fait dégoupiller. Hallucinations, paranoïa, actes auto et hétéro-agressifs... Après les murs des caves afghanes, ce sont les murs de l'hôpital psychiatrique qui le retiennent prisonnier. Double peine? Ou moyen de le protéger de lui-même et des autres? L'autrice n'est en tout cas pas tendre avec ce monde du soin psychiatrique qui rivalise de violence avec les conflits armés et leurs conséquences…
Heureusement, dans ce puits sans fond d'où se débat Greg, il reste Paul, l'ami de toujours. Et le seul qui garde l'espoir d'une rémission.

Impossible de ne pas être bouleversée par ce deuxième tome (et de ne pas verser quelques larmes), même s'il a pour moi été davantage une souffrance à écouter, tant pour toute l'horreur de la partie "otage en Afghanistan" que pour toute la partie "se débattre avec un stress post-traumatique". Avec comme une envie que l'autrice abrège les souffrance du personnage. 

Les deux tomes de Et chaque fois, mourir un peu sont réunis depuis quelques semaine en une intégrale qui pourra faire un cadeau de Noël percutant à offrir à un ami! 
… Enfin un ami averti qu'il s'agit d'une œuvre qui n'épargne pas la violence vécue par une partie du monde. Mais qui possède aussi toute la puissance d'un hommage à ces humanitaires qui s'impliquent et impliquent leur propre vie (et leur santé mentale) à essayer de sauver celle des autres.

Un diptyque littéraire terrible et sublime à la fois! Et me concernant, il devient mon favori des romans de Karine Giebel (mention spéciale Baignoire d'Or pour le premier tome Blast).
Il ne reste maintenant plus qu'à se remettre de toutes ces émotions…

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