"Va et poste une sentinelle" d'Harper Lee (Editions Grasset): Scout toujours prête! .... à défendre ses valeurs

(.... énième jeu de mots pourri... sorry Miss Lee!)
Voilà donc le 2ème et dernier roman de la mystérieuse Harper Lee, morte moins d'un an après la parution de son livre. L'occasion, pour nous, lecteurs, de retourner une dernière fois à Macomb, sur les traces de Jean Louise "alias Scout".


Pitch (4ème de couv): "Jean Louise Finch, dite "Scout", l'inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l'Oiseau Moqueur, est de retour dans sa petite ville natale de l'Alabama, Maycomb, pour rendre visite à son père, Atticus. Vingts ans ont passé. Nous sommes au milieu des années 1950, et la nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l'a façonnée mais dont elle croit s'être affranchie en partant vivre à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit..."




Le retour à Maycomb est rude. Parce qu'au lieu de reprendre l'histoire là où Harper Lee l'avait laissée, avec tout ce qu'elle dégageait de lumineux, nous allons accompagner une "Scout" de 26 ans dans un travail de deuil. Et cela ne se fait pas sans cri et colère. 

Le premier "choc" étant de sortir de  l'insouciance de l'enfance, comme si on sortait brutalement d'un rêve.  Tous les hommes naissent égaux et libres..... du blabla désormais. Malgré les lois votées contre la ségrégation, et alors que la petite ville du Sud semblait malgré tout être ouverte au "mélange" des races, vingt ans après, les peurs sont plus que jamais réveillées et le clivage Blancs/Noirs bien plus profond encore.
L'écriture d'Harper Lee se calque sur ce changement: le lecteur doit,  lui, faire le deuil du ton "joyeux" de la narration, de la teinte "pastel" du décor. Maycomb se pare de nuances de gris et les dialogues ressemblent à des réquisitoires sur la question raciale.
Il nous faut aussi oublier les personnages drôles et tellement attachants qu'étaient Jem, Dean, Miss Maudie, entre autre. Aux oubliettes la gentillesse et bienveillance de Calpurnia. Ici les personnages qui entourent Scout sont lâches, ancrés dans des valeurs passéistes ou capable de mettre leurs convictions en sourdine pourvu qu'ils puissent vivre paisiblement. Et que dire d'Atticus, que nous ne reconnaissons plus, tout comme Jean Louise ne reconnaît plus son père.

C'est donc dans la souffrance que nous accompagnons Scout à se défaire des illusions qui ont bercé son enfance.  Mais qui a dit que l'accouchement était indolore? Faire naître en soi une femme capable de s'engager sans peur dans un combat pour défendre ses idées, tel est le chemin de l'enfant Scout pour devenir la femme Jean Louise.

Ce roman a la nostalgie des souvenirs d'enfance. De là à y voir un adieu de l'auteur à sa vie, il n'y a qu'un pas.
C'est beau, mais c'est triste!


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