"Le Lagon Noir" d'Arnaldur Indridasson (Editions Métalié): mais pourquoi tant de déception?

Alors oui c'est Arnaldur! THE auteur de polar islandais de la mort qui tue, quoi! Donc mon attente était énorme concernant son dernier roman. Et là, malgré tous les ingrédients présents pour un bon roman policier la mayonnaise prend tout juste... et retombe aussitôt une fois le livre clos. Arrrrrrgh! Pourtant j'aime la mayonnaise indridassonnienne d'habitude! Aurait-il perdu la recette?

Pitch (4ème de couv)
"Reykjavik, 1979. Le corps d'un homme est repêché dans ce qui va devenir le lagon bleu. Il s'agit d'un ingénieur employé à la base américaine de l'aéroport de Keklavik. Dans l'atmosphère de la guerre froide, l'attention de la police s'oriente vers de mystérieux vols effectués entre le Groenland et l'Islande. Les autorités américaines ne sont pas prêtes à coopérer et font même tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la police islandaise de faire son travail. Dans un climat de tension, conscients des risques qu'ils prennent, Erlendur et Marion Briem poursuivent leur enquête avec l'aide d'une jeune femme noire, officier de la base.
Le jeune inspecteur Erlendur vient d'entrer à la brigade d'enquêtes criminelles, il est curieux, passionné par son métier, soucieux des autres, mais il ne cache pas son opposition à la présence américaine sur le sol islandais.
En parallèle, il travaille sur une vieille affaire non résolue. Une jeune fille disparue sur le chemin de l'école quarante ans plus tôt, à l'époque où la modernité arrivait clandestinement dans l'île, portée par des disques de rock et les jeans venus de la base américaine"




"Le Lagon Noir " est donc la deuxième enquête de la jeunesse d'Erlendur au sein de la police Islandaise après "Les Nuits de Reykjavik", roman qui m'avait également laissé sur ma faim. 
Peut-être parce qu'Arnaldur s'attarde moins dans ces deux romans sur l'enquête que sur le contexte dans lequel il place son l'histoire, et sur la dénonciation et/ou l'affirmation du positionnement de l'Islande face aux conflits dans le reste du monde ou à des questions de société. C'est dommage car je suis certaine qu'il est possible de valoriser un contexte sans pour autant "oublier" ce qui fait un bon polar, c'est à dire l'enquête! 

Parce que, comme je l'ai dit en introduction, tous les éléments sont là pour faire un bon roman policier. 
En premier, Erlendur. L'enquêteur chouchou de tous les lecteurs de polars (bon ok avec Harry Hole, et Adamsberg...), dont la personnalité et la manière de mener les enquêtes ont été forgées par le drame qu'il vécût enfant. La culpabilité du survivant en ont fait un policier très sensible et empathique. C'est pourquoi dans ce roman, petit à petit, il délaisse l'enquête principale pour s'investir dans une disparition vieille de quarante ans qui a  pour dénominateur commun la présence de l'armée américaine sur le sol islandais. Mais étrangement, il m'a manqué un contour plus net à Erlendur, une vraie présence qui nous le rendait attachant. Vous me répondrez qu'il en est à apprendre à faire ses armes au sein de la police, que son affirmation comme inspecteur n'est donc pas encore établie et reconnue d'où la retenue .... Peut-être. Mais je  reste peu convaincue par le manque de "consistance" d'Erlendur.
Ensuite il y a le cadavre et le crime initial qui nous amènent dans des lieux hors du commun: entre le lagon, étrangeté flippante  typique de la nature islandaise et le hangar hors norme de la base américaine, froid et ultra protégé,  l'étrange plane au-dessus de l'histoire. Mais il ne fait que planer, là où j'aurais aimé que l'histoire transpire l'inhospitalité, au point que les personnages en bavent plus et qu'ils "méritent" en quelque sorte la résolution de leur l'enquête. 
Le déroulé de l'histoire est trop lisse, là où ça aurait mérité plus d'âpreté, plus de noirceur. J'aurais tellement aimé un Arnaldur plus incisif, un Erlendur plus convaincant. 

Ma déception ne m’empêchera pourtant pas d'attendre avec impatience le prochain roman d'Arnaldur Indridasson. Pourquoi? Parce qu'il sera forcément meilleur! 


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