"Les Perroquets de la Place d'Arezzo" d'Eric-Emmanuel Schmitt (Editions Albin Michel): une inoculation du virus de l'Amour pas sans danger!

Roman chorale, Les Perroquets de la Place d'Arezzo dénonce l'idée, ancrée dans le monde dans lequel on vit (en tout cas dans notre monde occidental), qu'il n'y aurait qu'une définition de l'Amour valable, avec des normes à respecter sous peine d'être rejeté ou malheureux. Les personnages font ici l'expérience de l'Amour dans tout ce qu'il a de multiple sous les yeux acérés de volatiles exempts de préjugés. Sous une écriture "badine", le propos du roman peut se montrer parfois acide. 

Pitch (4ème de couv):
"Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime.
  Signé: tu sais qui.
Cette lettre anonyme trouble l'existence des riverains de la place d'Arezzo. Dans ce quartier élégant de Bruxelles, quel original, quel pervers, quel corbeau déguisé en colombe s'acharne à violer leur intimité? Le message entraîne autant de promesses et d'attentes que de déceptions et de catastrophes, chacun l’interprétant à sa façon."




Ils sont bigarrés les personnages, à l'instar des oiseaux installés de façon saugrenue sur cette place en plein centre ville, lui conférant presque une aura d'irréalisme comme si toute l'histoire se déroulait dans une boule à neige, isolée de toute influence à l'échelle même de la ville de Bruxelles.
Un huis-clos délimité par le cercle que constituent ces maisons bourgeoises autour d'un jardin emprunt d'exotisme où l'irruption du même message d'Amour délivré à chaque personnage va déclencher des émotions et réactions en chaines complètement différentes. Parce que chacun d'entre eux a une histoire de vie différente et que l'Amour peut représenter une surprise, une délivrance, un renouveau ou des choix impossibles, des remises en questions douloureuses, le rappel d'une enfance difficile... 

En fait, il s'agit là d'assister à une espèce d'expérience scientifique incongrue où l'on aurait enfermé dans une même pièce des hommes et des femmes et où l'on aurait balancé de l'Amour et du Sexe au milieu... On se retrouve indiscrets, à regarder comment ils s'en sortent: épanouis ou détruits? Vivants ou morts?

Et nous alors: lecteurs ou voyeurs?
La puissance de l'attraction est là puisque l'on ne voit pas les sept-cent pages (et quelques) défiler. Il y a déjà l'envie de lever le mystère sur l'auteur des missives (ou du moins confirmer la forte présomption qui s'affirme au fil des pages). Mais il y a aussi l'empathie ressentie pour les personnages qui accroche le lecteur. Car peu importe notre âge, notre sexe, notre histoire, il y aura forcément un personnage auquel on s'identifiera. 

Eric-Emmanuel Schmitt a tout compris de ce qu'attendait un lecteur d'un roman. M'enfin cela n'est plus à démontrer au vu du succès rencontré par l'auteur! 

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