"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien Spitzer (Editions de l'Observatoire): bien plus mesurée que l'engouement général, désolée!

Bon bon bon... En lien avec mes récentes précédentes chroniques, comment dire: à nouveau un roman dramatique, à nouveau un mélange de Grande Histoire et de fiction, à nouveau des massacres, des crimes contre l'Humanité... Mon ras-le-bol a donc forcément joué sur mes impressions de lectrice!

Quoi? Qu'est-ce que vous me demandez? De faire abstraction de mes sentiments et de, pour une fois, faire une chronique objective ???? Non mais vous avez bien regardé mon blog!!!??? 

Pitch (4ème de couv):

" Sous les bombardements, dans le Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIème Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l'Allemagne nazie. L'ambitieuse s'est hissée jusqu'aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu'elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s'enfonce dans l'abîme, avec ses secrets.

Au même moment, des centaines de femmes et d'hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu'il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l'enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d'une tragique mémoire: dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d'un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie des hommes et le silence d'une femme: sa fille.

Elle aurait pu le sauver.

Elle s'appelle Magda Goebbels."

Pour un premier roman, Mr Spitzer n'a pas choisi la légèreté en racontant les destins croisés de Magda, qui, si elle était née en 2000 aurait certainement été castée par les boites de prod de télé-réalité tellement elle semble blonde, écervelée et prête à tout pour être sur le devant de la scène et le destin d'Ava, gamine miraculée des camps qu'on ne peut qu'associer à cette image de fillette au manteau rouge de La Liste de Schindler. Un croisement entre une femme qui a perdu toute son Humanité et une gamine dont on a nié la sienne. Deux femmes, deux âges, deux camps, deux témoins, deux cauchemars.

La fiction s'invite entre deux vérités historiques, et l'appel aveugle de ce père juif à sa fille nazie imaginé par l'auteur est le fil rouge qui permet de lier les destins des bourreaux et des victimes.

Mais quitte à imaginer ce qu'il s'est passé dans le bunker, quitte à imaginer ces lettres de Friedländer, pourquoi ne pas avoir imaginé ce qu'il se passait vraiment en Magda et Ava. Parce que ça manque cruellement d'émotions quoi! 

Quitte à mettre en scène deux personnages forts, autant leur donner une vraie consistance, et non cette quasi indifférence face à ce qu'elles vivent. Ou alors aurait-il fallu donner au lecteur des éléments permettant de comprendre cette froideur: la sidération pour Ava, traumatisée par ce qu'elle a (sur)vécu? Certainement, mais alors il ne fallait pas lui attribuer des pensées d'adulte bien trop élaborées pour son âge. Concernant Magda, les éléments de biographie donnés par l'auteur ne permettent pas d'expliquer qu'elle trahisse ses amis ou qu'elle tue ses enfants, sans trembler. 

Il me manque ce moment charnière ou tout a basculé dans sa psyché. Il me manque cette guerre  intime, dans son crâne, qui a vu la cruauté gagner.

Il me manque de l'émotion alors que le sujet à lui tout seul aurait dû me faire naître quelques larmes au coin des yeux.