"Toutes blessent, la dernière tue" de Karine Giebel (Editions Belfond): terriblo-horriblo-fantastiquement efficace!

Oyé, oyé, avis à la population: si vous commencez à lire ce livre, vous ne vous arrêterez plus! Et il fait plus de 700 pages. Donc prévoyez de quoi manger et boire dans votre baignoire (ou tout autre lieu privilégié pour la lecture)... même si vous aurez très souvent la nausée, vu le thème! A bon entendeur, salut!


Pitch (4ème de couv):
"Je connais l'enfer dans ses moindres recoins. 
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler...

Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin...

Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu'au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. 
Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle? D'où vient-elle?

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi vite.
Parce que bientôt, tu seras morte."




Bienvenus en Enfer! Sur votre gauche vous trouverez le panel des tortures psychologiques et humiliations en tout genre. Sur votre droite tous les outils et procédures pour maltraiter physiquement votre victime. Et surtout n'oubliez pas les privations de tous les besoins fondamentaux des êtres humains pour que justement il n'en soit plus un. Sortez l'objet dès que vous avez envie de vous défouler. Vendez-le ou débarrassez-vous-en dès qu'il ne vous apporte plus satisfaction. Remplacez-le par un autre que vous n'aurez aucun mal à acheter auprès de personnes désœuvrées et crédules dans un pays lointain.

L'esclavage moderne, voilà donc le sujet de fond de ce roman noir. Et lorsqu'on lit dans les remerciements de fin que Karine Giebel a rencontré l'OICEM (Organisation Internationale Contre l'Esclavage Moderne), on se dit que pire que cette fiction, il y a la réalité des "Tama", ici, aujourd'hui, au moment même où j'écris cette chronique. Double envie de vomir.

Et pourtant, même si la lecture est insoutenable, elle est aussi terriblement addictive. Parce que finalement on se met à croire et à espérer avec Tama qui, malgré parfois son envie de mourir, révèle d'incroyables capacités de résistance. Parce qu'elle arrive à trouver une force et un sens à sa vie dans l'amour, dans la lecture. Parce qu'elle ose parfois se rebeller et se réaffirmer comme femme, humaine.
Et la lecture est addictive également parce que Karine Giebel met son talent d'écriture au service de cette histoire. Pas de tabous, aller droit à l'essentiel, même si l'essentiel c'est la cruauté. Des chapitres courts qui nous laissent dans la douleur, des phrases qui écorchent. 
On s'accroche alors à Tama coûte que coûte même si c'est pour descendre dans les abysses avec elle. Tant de monde l'a déjà abandonné, nié. Alors il en est presque de la responsabilité et de la mission du lecteur que de la regarder en face et tourner les pages, presque frénétiquement jusqu'à la fin, espérant accélérer sa liberté, son salut. Et souffler, enfin... Ou pas! 😉


Impossible de ressortir indemne d'une telle lecture. La souffrance s'imprime en nous, l'impuissance aussi. Des émotions fortes qui font qu'il sera impossible d'oublier ce roman. Mission réussie Madame Giebel! Horriblement réussie! 




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