"Inexorable" de Claire Favan (Editions Pocket): l'engrenage fatal

Les oiseaux qui chantent, la caresse du soleil, le calme ambiant... la sérénité en somme. Et paf! Un roman de Claire Favan! Une vraie empêcheuse de tourner en rond et de faire la sieste au soleil celle-là!  Parce qu'allez le lâcher, ce roman, une fois que vous l'avez commencé! 
Non mais vraiment Mme Favan, qu'est-ce qui vous prend d'écrire des histoires si terriblement bouleversantes et impitoyables? On ne vous a pas dit que la demande du moment, ce sont plutôt des tutos de yoga et des livres de développement personnel pour mieux vivre son confinement? 
(Quoi? Je suis de mauvaise foi parce que ce roman est sorti l'année dernière?)

Pitch (4ème de couv):
"Vous ne rentrez pas dans le moule? Ils sauront vous broyer.
Inexorables, les conséquences des mauvais choix d'un père.
Inexorable, le combat d'une mère pour protéger son fils.
Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l'éternel coupable.
Inexorable, la volonté de briser enfin m'engrenage...
Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants."



Milo c'est le porte-étendard de nombreux gosses. Traumatisé par l'arrestation de son voyou de père dans la petite enfance, les adultes qui l'entourent condamnent sa violence, comportement exprimé d'une souffrance tue, qu'ils ne cherchent pas à décrypter ou soulager. Subissant le découragement de sa mère, la mise à l'écart et le harcèlement de ses camarades, l'accusation des instituteurs, Milo va finir par devenir ce qu'on attend de lui: le coupable idéal.
Entraîné malgré lui dans cet engrenage, il sombre du côté obscur, aux côtés d'une mère prête à tout pour sauver son fils bien qu'elle n'arrive plus à croire vraiment en son innocence.

Mettant le doigt là où ça titille fort, Claire Favan signe là un polar psychologique qui pique. Mettant en cause la Société dans sa façon dont elle traite les enfants qui ne rentrent pas dans les cases de la "normalité". L'exclusion et la délinquance, purs produits fabriqués par des hommes et femmes qui ne savent pas et/ou n'ont pas les moyens d'écouter et d'accompagner la détresse des gamins, déjà épinglés comme petit cons avant même de pouvoir parler?
L'engagement de l'auteure dans cette histoire est à la hauteur de sa colère et son sentiment d'impuissance (à peine dissimulés!) envers les institutions et le système éducatif. Et bien que l'écriture soit parfois assez clinique, les émotions affleurent et finissent par déteindre sur le lecteur qui voudrait devenir l'avocat de Milo, pour le défendre face aux injustices qui le piétinent. 
Impossible de l'abandonner à son sort à l'issue fatale. 
Impossible d'arrêter le roman en cours de route. 
Le piège se referme sur le lecteur, condamné à plusieurs heures de lecture. L'arachnéenne Favan a encore eu notre peau! 

Commentaires

  1. Je suis en train de lire mon premier Favan "Serre-moi fort". Je suis déjà fan !

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