"A la folie, pas du tout" de M.J Arlidge (Editions les Escales): beaucoup

J'ai beaucoup aimé ce polar. Sur la forme.
Mais j'aurais préféré l'aimer à la folie. Sur le fond.
C'est un peu le risque, lorsqu'un personnage charismatique comme Helen Grace accompagne nos lectures depuis plusieurs années: qu'il finisse par être un poil moins bien exploité par son auteur. Les enjeux autour de la flic de Southampton et la puissance émotionnelle des intrigues montaient crescendo jusque là... fallait p't'être bien que ça finisse par se tasser!
Mais je ne fais la blasée non plus: A la folie, pas du tout reste un efficace page turner!  

Pitch (4ème de couv):
"Elle m'aime...
Sept heures du matin. Alors que le soleil se lève dans un ciel rouge sang, une femme est retrouvée morte sur une route de campagne. Mais qui a bien pu tuer cette mère de famille et épouse aimée?
Un peu...
Deux heures plus tard, un commerçant, apparemment sans histoire, est tué de sang-froid
Beaucoup...
Quel motif anime ces meurtriers qui semblent tuer au hasard?
Passionnément...
Helen Grace, tout juste sortie de prison, devra le découvrir rapidement si elle veut éviter que cette journée se termine en bain de sang. Car une seule chose est sûre: les tueurs sont prêts à tout pour achever leur macabre travail.
A la folie... Pas du tout."


Rythme à la vingt-quatre heure chrono: chapitre de deux-trois pages, qui en appelle un autre, qui en appelle un autre, et encore un autre... Et avant d'avoir pu dire "Helen-Grace-est-la-flic-la-plus-badasse-d'Angleterre" vous voilà déjà au dénouement. M.J Arlidge excelle dans ce style d'écriture "souffle coupé" qui empêche de dormir. Impossible de nier que la plume est diaboliquement addictive.

Mais je regrette qu'Helen Grace ne soit plus tout à fait la même. Et je crains terriblement que sa précédente aventure (A cache-cache) devienne le climax de la badassitude de ce personnage. Sa noirceur est désormais mâtinée de gris... et elle finit cette dernière traque en se promettant de tirer vers le blanc. Pourtant c'est le noir qui sied le mieux à Helen Grace! L'automutilation, le caractère de chien, les émotions à fleur de peau, la fuite en avant vers le danger... Dans ce roman elle se retrouve quasiment reléguée au second rang derrière le/la/les meurtrier.e.s (garanti sans spoil!). 

Et c'est peut-être là le pendant du rythme endiablé de l'écriture: ne pas laisser le temps au développement des émotions, autres que le suspense, la tension. Pourtant psychologiquement, M.J Arlidge avait de quoi creuser et nous embarquer complètement dans la psychologie du/de la/des  meurtrier.e.s (toujours sans spoil!). Et s'attarder un peu plus sur celle de sa flic, qui sort juste de prison après en avoir sacrément chié! Mais à trop courir dans tous les sens... Ce n'est pas en quelques lignes au milieu d'un chapitre, que l'empathie arrive à naître. Du coup, les états d'âmes survolés, je me suis sentie moins impliquée dans les enjeux de ce roman!  

J'espère vraiment que M.J Arlidge va repartir sur une série d'enquêtes où son héroïne en bécane et bottes de cuir sera à nouveau malmenée et poussée dans ses retranchements psychologiques, car c'est ce qui leur réussit le mieux à tous les deux, auteur et  indissociable flic. Et parce que personnellement je la préfère toute de noir vêtue, corps et âme. 
J'espère être rassurée avec le prochain opus des enquêtes d'Helen Grace, Loup y es-tu?. Verdict dans l'année!

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