"Le jeu de la dame" de Walter Tevis (Editions Gallmeister): échec et mat

Je ne fais pas partie des 200 millions d'abonnés à Netflix et pourtant impossible de passer à côté d'articles faisant l'éloge de la série télévisée Le jeu de la dame. Alors, histoire de m'en faire une idée, j'ai choisi d'attaquer le morceau par l'angle du roman. 
Conquise par ma lecture, j'avoue qu'il est possible que je craque pour la version Blue ray pour voir, cette fois de mes propres yeux, Mademoiselle Beth Harmon mener ses combats, d'une main de fer dans un gant de fragilité.

Pitch (4ème de couv):
"Kentucky, 1957. A la mort de sa mère, Beth Harmon, huit ans, est placée dans un orphelinat où l'on donne aux enfants des "vitamines" censées les apaiser. C'est là qu'elle découvre, grâce à un vieux gardien passionné, le jeu qui changera sa vie: les échecs. Dotée d'un talent prodigieux, Beth commence à gagner vite, trop vite, trop facilement. La nuit, dans son lit, elle rejoue les parties en regardant le plafond où les pièces se bousculent à un rythme effréné. Mais aux pièges de l'échiquier viennent s'ajouter les dangers des drogues et de l'alcool. Entre la pression des grands tournois et les méandres de l'addiction, Beth découvre que génie et folie vont souvent de pair."


Dans un premier temps, j'ai presque cru qu'il s'agissait d'un conte pour enfant: la malheureuse orpheline qui va découvrir la magie du jeu d'échec, se faire adopter par une belle-mère (dépressive?) et conquérir le monde par le seul pouvoir de son intelligence. 
Mais c'était sans compter sur l'addiction de Beth pour les anxiolytiques et l'alcool qui menacent de la faire sombrer définitivement. Pas vraiment du Disney en fin de compte!

Ce roman est du grand divertissement, effectivement très visuel dans l'écriture, porté par une héroïne à la fois terriblement forte et terriblement fragile. Et si, comme moi, vous ne comprenez rien au échecs et que de grands passages de stratégie vous laisseront un brin perdus, ce n'est pas tant la place précise des pièces sur l'échiquier qui importe mais les émotions qui galvanisent ou paralysent Beth dans ces combats, certes contre les meilleurs joueurs (Russes notamment) mais avant tout dans celui qu'elle mène contre elle-même. La pression de ce jeu martial, l'ambition de battre les meilleurs finissent par avoir raison de sa santé physique et psychologique, l'amenant presque à la rupture.

J'ai vraiment pris plaisir à lire ce roman même si la fin… m'a laissé sur ma faim! 
Walter Tavis n'étant plus de ce monde, le lecteur n'a plus le choix que d'inventer la suite de l'histoire de Beth. Perso j'ai choisi mon camp: l'autodestruction de la prodige dans une grande scène finale tragique. Le Noir, toujours.

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