"Le serpent majuscule" de Pierre Lemaitre (Editions Albin Michel): tatie Danielle version trash

Premier écrit, dernier paru. Pierre Lemaître se met à poil pour oser sortir son premier polar du placard. En mentionnant en préambule de son roman n’avoir rien (ou presque) modifié au texte écrit en 1985 puisque (je cite l'auteur qui cite Aldous Huxley): "pour redresser ses défauts, il lui aurait fallu réécrire le livre".

Le serpent majuscule est donc en effet un roman plein de défauts. Mais si vous avez envie d'un peu de fun version série B, cette promenade meurtrière loufoque auprès de la tatie Danielle du crime vous fera passer un moment divertissant.

Pitch (4ème de couv):

"Avec Mathilde, jamais une balle plus haute que l'autre, du travail propre et sans bavures. Ce soir est une exception. Une fantaisie. Elle aurait pu agir de plus loin, faire moins de dégâts, et ne tirer qu'une seule balle, bien sûr."

Qui se méfierait d’une petite vieille enrobée qui, pour éviter l’isolement, s’entoure de chiens ? Qui irait imaginer qu’elle dégomme des cibles humaines au gros calibre et que cela ne lui fait ni chaud ni froid? 

Pierre Lemaître joue du contraste entre la Mathilde banale voire transparente vue d'un œil extérieur et la psyché de Mathilde à l’immoralité débordante. Son physique commun la fait passer pour une innocente créature de Dieu alors qu'elle penche carrément côté Diable. Tuer un Homme? C’est comme le gratin dauphinois : aussi facile à faire que savoureux à déguster pour cette sexagénaire! Le problème, c'est qu'elle commence à dérailler la Mathilde. Et donc qu'elle commence à faire flipper ses commanditaires. Alors qui flinguera l'autre en prem's?

(Impossible de ne pas voir dans ce premier roman, l'ébauche de Verhoeven à travers le flic Vassiliev, même si l’un est aussi petit que l'autre est grand. Ils ont déjà en commun leur singularité physique et leur flair.)

Sans concession, tuant les personnages à la chaine sans ménager la sensibilité de ses lecteurs, Pierre Lemaitre signe là une sorte de farce pop où les situations sont trop grosses pour être vraies. Si vous cherchez à lire un polar puissant et noir, fuyez! Mais si vous avez envie de vous marrer un peu, foncez!