"Un invincible été" de Catherine Bardon (Editions Pocket): à l'heure de lâcher la main de la famille Rosenheck

Je savais que les adieux allaient être difficiles. Même si l'écriture tout en pudeur et tendresse de Catherine Bardon tente de nous consoler, il faut se résoudre à quitter la famille Rosenheck et cette saga qui ne pouvait faire un plus bel hommage à cette colonie juive de Sosua.
Merci, c'était une bien belle histoire.

Pitch (4ème de couv):
"Depuis son retour à Sosua, en République dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île. Passionnée, sa fille Gaya affirme son indépendance et part étudier aux Etats-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes.
La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Urena: "C'est en continuant à nous battre pour créer le pays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds."
Mais l'Histoire, comme toujours, les rattrape: de l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République dominicaine... chacun devra tracer son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde."


Tout comme les quatre saisons, les quatre romans composant cette fresque viennent marquer le printemps, l'été, l'automne et l'hiver de la vie d'Almah, porte-étendard d'une génération de colons juifs, forcés à l'exil. 
Dans ce dernier tome, Almah, la combattante, résolue au bonheur malgré le passé de douleurs, refuse de se laisser aller à l'aube de ces cents ans, même si Wil se fait de plus en plus présent dans ses pensées. Alors elle continue de faire ce qu'elle a su faire de mieux jusque-là: veiller sur sa tribu, être une conseillère pour ses proches, un pansement pour les douleurs, un puits de silence pour les secrets. 
Pour sa fille Ruth, il est l'heure de recueillir les mémoires de sa mère et de tenter de mettre un pas dans les siens, quitte à trébucher, pour que jamais on n'oublie ce pan de l'Histoire, de son histoire familiale.

De cet Invincible été, on pourrait peut-être regretter certains passages du récit qui passent rapidement sur des évènements de vie du clan Rosenheck, mais le temps presse et Almah va s'éteindre. Alors c'est peut-être une raison d'aller à l'essentiel, et ne pas plomber le roman.
Les émotions restent au rendez-vous, tout en pudeur et en retenue, la marque de fabrique de l'auteure qui ne verse jamais dans le pathos, ni dans la colère. Il s'agit de faire la paix avec soi-même et avec le passé. 

Alors je voulais vous dire bravo et merci, Catherine Bardon. Car finalement, Ruthie c'est un peu vous. Cette saga est un vrai travail de mémoire et bien belle façon de rendre hommage à ces hommes et femmes. Et comme vous le dites si bien aux lecteurs en postface "Ne cherchez pas chercher à savoir où est la réalité et où est la fiction. Car dans cette histoire tout est vrai." 
Et je suis aujourd'hui persuadée que, parmi les millions de touristes qui débarquent sur les côtes dominicaines, une poignée d'amoureux de la famille Rosenheck sauront prendre le temps de se rendre sur la Playa Alicia, au musée de Sosua ou encore auprès de l'immense étoile de David du mémorial et penser, ne serait-ce qu'un instant, à tous ces déracinés. 
Merci pour eux.

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