"L'Inuite" de Mo Malo (Editions la Martinière): le pouvoir d'attraction du grand blanc…
… enfin taché de rouge sang, parce qu'il s'agit d'un polar quand même!
Pitch (4ème de couv):
"C'est au travers du destin d'une femme que tout se joue. Elle porte en elle les déchirures et la soif de vengeance d'un pays. Elle est l'Inuite. Face à elle, deux flics, l'un groenlandais, l'autre danois, mènent chacun leur enquête: les meurtres récents d'un grand-père et de sa petite fille sur une île isolée ; et un scandale d'Etat qui remonte aux années 1950. En quoi ces affaires sont-elles liées? Et surtout: jusqu'où ira l'Inuite?"
Lire L'Inuite après la série de polars Qaanaaq procure le même plaisir que de rentrer se pelotonner chez soi après s'être pris une averse sur le coin de la tête (je parle en connaissance de cause, je suis encore humide au moment de poser ces mots). On retrouve ses repères, on s'extasie devant les paysages, on murmure quelques mots en groenlandais (imaqa) et tout ça sans même avoir foulé de ses propres bottes la banquise. Magie de la passion transmise par un auteur qui lui s'est rendu plusieurs fois dans le pays. Magie de la lecture.
Et c'est avant tout d'Histoire dont il est question avec L'Inuite, le côté enquête étant juste un prétexte pour traiter du sujet. Celui de ces enfants inuites, perçus comme sauvages par le Danemark colonialiste, déracinés dans les années 50 de leur île pour mieux les éduquer sur le continent.
Ce passage tragique de l'histoire groenlandaise déroulé sur fond de polar vient faire revivre à travers les yeux de l'une de ces enfants toutes les conséquences psychologiques d'une telle déportation: du mal-être im-pansable, à l'obsession de la vengeance ou encore au besoin salvateur de reconnaissance et réparation de la part du Danemark.
Un entremêlement de suspense de la fiction policière avec l'émotion de la réalité historique qui en fait un beau polar. Et qui participe au travail de mémoire initié par une partie des 22.
Bravo Mo Malo!
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