"L’île du Serment" de Peter May (Editions Babel Noir): ma cabane au Canada

Alors j'ai très mal débuté la lecture de ce roman, persuadée que "L’Île du Serment" était l'épilogue de la trilogie écossaise pour laquelle j'avais craqué pour les deux premiers tomes (voir "L'Île des Chasseurs d'Oiseaux" et "L'Homme de Lewis"). J'ai donc passé à peu près trente pages à chercher Fin partout jusqu'à ce que je comprenne que je m'étais plantée de bouquin. Passé la déception, j'ai très vite retrouvé les "codes" de l'écriture de Peter May: une île, un meurtre mais surtout la Grande Histoire au service de son histoire. Une recette qui fonctionne toujours bien mais qui mériterait encore mieux.

Pitch (4ème de couv):
"Sur l'île d'Entrée, dans l'archipel de la Madeleine à l'est du Canada, peuplée par une poignée de familles d'origine écossaise pour la plupart, aucun meurtre n'a jamais été commis. Jusqu'à cette nuit de tempête où James Cowell est poignardé. Tous soupçonnent sa femme, sauf l'enquêteur Sime Mackenzie, qui a l'étrange sentiment de la connaître depuis toujours.
S'isolant du reste de son équipe, où oeuvre son ex-femme, et rompu par l'insomnie, Sime sombre dans un état second où la réalité se mêle à des rêves étranges, faisant resurgir l'histoire de son aïeul, expulsé de l'île de Lewis dans les années 1850, au moment de la Famine de la pomme de terre. Avec la certitude folle que le destin de Kirsty Cowell et le sien se sont noués là, quelque cent cinquante ans plus tôt, dans un amour interdit qui n'a cessé de brûler."





J'ai parfois envie de demander à Peter May pourquoi il utilise le meurtre comme prétexte au contenu de ces romans alors que l'essentiel se situe dans ce qu'il semble prendre plaisir à développer (et pour lequel il se documente et entreprend un vrai travail de recherche, parfois sur le terrain): raconter un drame familial en s'appuyant sur l'Histoire  pour en faire une saga aux accents sombres et teintés d'une vérité crue.
Pourquoi un meurtre puisque finalement il persiste toujours des incohérences à la résolution de l'enquête qui laissent un goût d'inabouti et que tous les passages sur la "vie de la brigade de police" ne sont pas essentiels pour le déroulement. S'en passer aurait pu alléger un roman un peu "massif" qui peut faire peur aux plusdecinqcentspageophobes.

Alors que finalement, ce qui est vraiment réussi, comme pour les autres romans de May, ce sont ces aller-retour et les liaisons faites entre le passé, basés sur des événements tragiques qui se sont effectivement déroulés même s'ils sont romancés, et le présent, complètement imaginé par l'auteur. Avec toujours en fil rouge cette Ecosse qu'il chérit tant, même si cette fois il base son histoire sur les Îles canadiennes de la Madeleine (un petit détour par Google Map s'est avéré essentiel pour moi, nullissime en géographie).
En fait, en tant que lectrice, j'aurais préféré que l'auteur assume pleinement les qualités romantico-familio-historiques de son écriture  en s'affranchissant du côté policier qui hache et bride un récit qui mériterait pourtant de laisser les passions s'exposer et exploser pour m'emporter complètement.


Allez fini le détour par le Canada! Je vais tenter cette fois de ne pas me perdre et retrouver  Fin et Marsaili en Ecosse qui m'ont tant manqué! A tout de suite Monsieur May. Je replonge!




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