"Le Secret de la Manufacture de Chaussettes Inusables" d'Annie Barrows (Editions 10/18): sur un air d'Harper Lee

Plus je m'enfonçais dans le roman, plus les sensations de la lecture de "Ne Tirez pas sur l'Oiseau Moqueur" refaisaient surface. A cause du personnage de Willa, cette petite fille si vive et si intelligente qui cherche à donner du sens à ce qu'elle ne fait que pressentir. A cause de l'absence de la mère et de l'image d'un père idéalisé. Parce qu'il s'agit d'une histoire de famille, bancale, mais pleine d'amour racontée avec tendresse par une auteure américaine talentueuse. 


Pitch (4ème de couv):
"Eté 1938. Layla Beck, jeune citadine fortunée, refuse le riche parti que son père lui a choisi et se voit contrainte, pour la première fois de sa vie, de travailler. Recrutée au sein d'une agence gouvernementale, elle se rend à Macedonia pour y écrire un livre de commande sur cette petit ville. L'été s'annonce mortellement ennuyeux. Mais elle tombe vite sous le charme des excentriques désargentés chez lesquels elle réside, les Romeyn. Autrefois propriétaire de la manufacture, cette famille a une histoire intimement liée à celle de la ville. De soupçons en révélations, Layla va changer à jamais l'existence de cette communauté, et mettre au jour vérités enfouies et blessures mal cicatrisées."



Le charme de ce roman est indéniable, son pouvoir d'attraction sur le lecteur intense. A chaque nouvelle plongée dans l'histoire, j'ai eu chaque fois l'impression que le temps ralentissait. Une impression donnée par une certaine langueur dans le rythme et style d'écriture du roman: de grands chapitres, plus narratifs que dialogués. Et la chaleur et moiteur de cette Virginie Occidentale décrite par l'auteur comme pénible et étouffante, renforce cette dilatation du temps. Les personnages sont ralentis jusque dans leurs déplacements, leur imposant presque de rester statiques. Seul Felix, le père de Willa, semble se soustraire à cette contrainte, apparaissant et disparaissant dans le roman comme dans la maison familiale même, de façon véloce et silencieuse.  Mais Felix n'est pas un père comme les autres... il n'est pas "dans les clous" de ce qu'on pourrait attendre d'un père. Il ne se fond pas dans le moule, ne respectant pas la loi, alors respecter le rythme de sa famille ....

Si le déroulé de l'histoire semble ralenti, par contre, dans la tête des trois personnages féminins principaux du roman, ça carbure! Willa, Jottie et Layla sont terriblement intelligentes et ne cessent de réfléchir aux choix qui s'offrent à elles. Des portraits de femmes s'extrayant de leurs conditions (économiques, familiales, sociales...) qui vont décider, pour elles seules, quelle  direction elles souhaitent donner à leur vie. Bien sûr, il leur faudra le choc de la révélation  sur un drame passé, pour qu'elles puissent faire la critique de ce qu'elles ont été avant d'avancer dans ce qui elles veulent devenir.  Une transformation de chenilles en papillons qui ne se fera pas sans souffrance, forcément!
Mais attention, le roman ne plonge jamais dans le larmoyant! Annie Barrows distillant beaucoup d'humour dans son écriture, dans des teintes alternant entre autodérision des personnages, ironie voire cynisme. 

C'est frais, c'est beau, c'est encore un feelgood book!

Décidément, j'adoooooore 2017! 😊

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