"Les oubliés du dimanche" de Valérie Perrin (Editions Le Livre de Poche): encore une fois, en plein dans le coeur
J'avais déjà été emportée par Changer l'eau des fleurs, première lecture de cette année 2019 et déjà premier coup de cœur. Les oubliés du dimanche n'a pas mis longtemps pour me convaincre que j'allais revivre une semblable expérience de lecture. Sensible, émotionnelle, tendre et bouleversante, la plume de Valérie Perrin a encore fait mouche. Et m'a touchée de nouveau, en plein cœur.
Pitch (4ème de couv):
"Faute de connaître son histoire, Justine, vingt et un ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire, presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie est un roman: sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, la déportation... Justine extorque peu à peu à la vieille dame de lourds secrets et fini par affronter ceux de sa propre famille."
Premier roman de Valérie Perrin, on retrouve déjà dans Les oubliés du dimanche cette force d'attraction empathique et cette narration addictive faisant qu'on n'arrivera pas à dormir tant qu'on aura pas refermé le bouquin. Une force d'écriture qu'on retrouvera dans Changer l'eau des fleurs.
A la manière d'une fable, agrémentée de pensées magiques (ah, la mouette) Valérie Perrin nous accompagne dans l’entremêlement des histoires de Justine et Hélène. On tire avec elle, tout en douceur et en pudeur comme elle sait si bien l'écrire, sur le fil qui permet de découvrir les secrets bouleversants qui entourent ces deux femmes.
Les personnages sont suffisamment normaux pour qu'on y trouve un peu de nous, mais aussi suffisamment atypiques pour que leur "grain de folie" les rendent définitivement attachants. Que ce soit à travers le personnages d'Hélène ou celui de Justine, deux personnages porte-étendards, qui vont finir par prendre leur propre vie en main et s'autoriser à être heureuses après avoir vécu l'expérience du deuil, de la trahison, de la jalousie.
Les hommes ne sont pas en reste non plus. Personnages masculins qui, par leurs amours interdits, irraisonnés, possessifs vont déclencher des cataclysmes dont ils n'ont pas mesuré les conséquences. Un mélange d'étincelle et de poudre qui expulse des boulets de canons destructeurs lorsqu'il est animé par la jalousie et la colère. Mais qui peut aussi produire de magnifiques feux d'artifice à condition de pardonner et de faire table rase du passé. La résilience, thème cher à cette auteure.
Impossible pour moi également de ne pas voir dans ce roman un joli témoignage de ce qui se vit dans les "maison de retraite", en dehors des polémiques actuelles (et bordel, il y aurait plus de place pour des Justine si on leur en donnait les moyens en valorisant ce métier et les conditions de travail des aides-soignantes!): la confiance qui s'établit, pas après pas dans l'intimité des soins, offre un espace aux résidents pour se raconter. Les soignants devenant alors, pour les oubliés du dimanche principalement, les uniques gardiens de ces mémoires. Alors que faire de ces histoires de vie? Comment les transmettre? Justine écrit dans des carnets bleus. Mais ici et maintenant, qu'est-il fait réellement dans les établissements pour réfléchir à cette notion de transmission?
Les oubliés du dimanche est un roman-coup-de-cœur qui mérite largement une fameuse (si, si) Baignoire d'Or ❤️❤️❤️
Merci Valérie Perrin, et j'espère, à très bientôt pour une nouvelle belle histoire.
Celui-là, il faut que je le retienne...
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