"L'homme qui ment" de Marc Lavoine (Editions Livre de Poche): "mais le temps qui se penche a défait nos lacets"

On connaissait Marc Lavoine le chanteur, il faudra désormais faire avec Marc Lavoine le conteur.  Ici celui de l'histoire de ses parents et de ce père surtout, prompt à soulever les jupes et le verre devant ses enfants et au nez de sa femme. Une écriture tout en poésie et nostalgie, où le pardon vaut liberté et réparation.

Pitch (4ème de couv):
""Tu vivais dans un film italien, comme si la vie n'était pas suffisante, pas assez colorée, pas assez tout court. Tu évoquais l'Algérie, ta frustration de ne pas avoir fait médecine à cause de ... la guerre, l'argent, la vie et ton mariage peut-être trop tôt. En fait tu noyais tous ces regrets dans le sexe des femmes, comme pour apaiser des douleurs de ta mémoire, pour soigner l'homme blessé de l'intérieur. Les filles, c'était du sirop, une médecine d'urgence pour apaiser les maux de l'âme et du cœur. Ça pesait dans mon cartable, et je partageais ça avec mon frère, qui essayait de temporiser, évoquant les blessures de Lulu. Ça me calmait de façon passagère, mais ça ne changeait rien.""


Dans un style où il fait jouer les (bons) mots, Marc Lavoine raconte son enfance auprès d'un père communiste et adultérin, une mère mélancolique et un frère protecteur. 
De sa difficulté de devoir se débattre des mensonges auxquels son père les faisaient participer,  son frère et lui, leur imposant ses maîtresses de façon plus ou moins assumée, et les plaçant alors en porte-à-faux avec leur mère, restée à la maison (ou à l'hosto) et ne se doutant presque pas de l'ampleur des coucheries.
De sa difficulté à se trouver beau et à s'affirmer homme quand sa mère rêvait d'une fille au point de l'ignorer à sa naissance; de trouver la juste distance pour ne pas se faire avaler par le naufrage familial et s'en sortir en s'affirmant par le théâtre d'abord, avant la chanson. 
S'excusant d'être devenu beau et célèbre.

C'est écrit avec pudeur et tendresse et comme un témoignage d'une époque sociale et politique révolue. Une succession de polaroids qu'on parcourt avec l'auteur, les couleurs un brin passées, mais l'émotion et les souvenirs toujours bien présents.

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