"L'ombre de la baleine" de Camilla Grebe (Editions Calmann Levy): un polar dans l'ombre

J'attendais vraiment avec impatience de retrouver les personnages et l'univers qui m'avaient séduits dans les précédents opus de Camilla Grebe. Mais à trop vouloir en faire, toutes les bonnes idées de ce roman finissent par se diluer, et l'empathie se noyer.
Une petite déception! 

Pitch (4me de couv):
"L'archipel de Stockholm vit des heures inquiétantes: des cadavres de jeunes hommes échouent sur ses côtes. Un tandem de flic est missionne: la jeune Malin, enceinte, et son supérieur Manfred, dont la fille est entre la vie est la mort. Les fausses pistes s'accumulent mais tout bascule le jour où la mère de Samuel signale sa disparition... C'est sans savoir que son ado rebelle s'est trouvé une planque idéale sur une île isolée, embauchée par la mystérieuse Rachel pour veiller sur son fils Jonas, plongé dans un étrange coma."


Pourquoi Camilla, pourquoiiiii!
Pourquoi avoir noyé le squelette solide de l'intrigue et de ses personnages principaux au milieu d'un foisonnement de personnages secondaires sans grand intérêt?
Pourquoi cette rupture temporelle entre le 2ème et 3ème roman qui casse pour le coup tout le travail empathique sur les personnages récurrents? 
Pourquoi la répétition de tirades et dialogues au ton paternaliste (et décalés par rapport au ton général du roman) qui relient le mobile du crime au fait de société (le narcissisme, déviance de l'utilisation des réseaux sociaux). Avec l'impression que l'auteure ne fait pas confiance au lecteur pour faire les liens lui-même.
Pourquoi ce hasard qui fait trop bien les choses? Ceux qui auront lu ce roman verront certainement de quoi je parle (indice:blog)

Un gâchis que ce polar alors que Camilla Grebe avait les matériaux de base pour faire un roman noir diabolique et rempli d'émotions fortes. Il aurait peut-être fallu pour cela se concentrer sur les binômes Rachel/Jonas et Pernilla/Samuel, quitte à ne pas s'inscrire du tout dans une suite de ses précédents romans. 
Heureusement, Camilla Grebe se rattrape en mettant le paquet sur le dénouement de son histoire avec une scène d'action finale qui apporte sa dose de tension et de tripes, comme un lot de consolation. Et elle reste très douée dans la manipulation et le retournement-de-cerveau-de-lecteur en nous faisant croire à la luminosité de certains personnages qui se révèlent finalement plus sombres que jamais.

Je ne partirai donc pas complètement fâchée contre l'auteure. Mais déçue, c'est certain! Camilla a des idées brillantes, il lui reste juste à trouver la façon optimale de les exploiter pour devenir une grande dame du Noir.

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