"L'archipel des larmes" de Camilla Grebe (Editions Calmann Levy): un polar féministe

Quatre générations de femmes-flics. Quatre façons de vivre, subir ou s'opposer à la discrimination qu'elles subissent dans la police, reflet des discriminations dans la société. 
Au-delà de la pure enquête, ce polar est l'occasion pour Camilla Grebe de décrire l'évolution de la condition féminine depuis les années quarante. Histoire de rappeler que, même si les mœurs évoluent, le combat pour la liberté et l'égalité est encore loin d'être gagné!
#generationmetoo

Pitch(4ème de couv):
"Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol.
Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort.
Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n'est qu'aujourd'hui que des indices refont surface.
Britt-Marie, Hanne, Malin...
A chaque étape, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s'avérer dévastatrices."


Ma lecture a commencé dans une ambiance plutôt tiède. Un peu contrariée de ne pas retrouver d'emblée l'univers des trois premiers romans, et leurs acteurs. 
L'action démarre avec Elsie, dans les années quarante. Son destin? Tragique. Mais pas au point de faire naître beaucoup d'empathie, tellement son apparition est courte. Vient ensuite Britt-Marie dans les années soixante-dix. Un personnage plus abouti dans sa psychologie, que l'auteur nous laisse de temps de connaître et donc plus propice à faire naître des émotions. Déjà, mon attention s'accroche un peu plus. 
Mais alors, dès que mon œil a vu le chapitre "Hanne" apparaître au détour d'une page...  jubilation! Avec cette sensation de me retrouver un peu chez moi.  Et vient enfin Malin, pour conclure ce roman. Pour conclure l'enquête. Pour oser dire tout haut, ce que des générations de femmes avant elle avaient tus jusque-là.

Le travail de contextualisation sociétal à chaque étape du roman, autour de chacune des quatre femmes, est ici aussi important que la construction de l'enquête. Voire la fait presque passer au second rang. La révélation de l'identité de l'Assassin des bas-fonds est plutôt réussie niveau surprise (et ça, les lecteurs assidus de polars aimeront), même si les explications qui l'ont amené jusqu'à clouer des femmes au sol et leur enfourner toute sorte d'objets dans les orifices me laissent un peu perplexe. C'est un peu trop cliché pour être totalement crédible. Mais ça a l'avantage pour l'auteure de servir le propos féministe du roman.

Un roman dont la fin tragique de "biiiiiiiip" (ah l'alarme "no spoil" s'est mise en route!) laissera des traces dans le cœur des lecteurs qui suivent la série des romans de Camilla Grebe depuis le début. Tu vas me manquer :( 

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