"Blackwater VI: Pluie" de Michael McDowell (Editions Monsieur Toussaint Louverture): flic floc de fin sur la saga Blackwater

[ALERTE SPOIL]
La boucle est bouclée. De l'inondation du premier tome La Crue à ce dernier Pluie, Elinor Caskey, maîtresse de son destin et de tout son clan, naît et meurt des eaux troubles de la Perdido. Une fin qui s'inscrit dans la lignée de toute la saga, entre le gothique, le fantastique et le roman historico-sociétal. Une saga inoubliable. 

Pitch (4ème de couv):
"Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s'être assagi. Révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu."


Tout est né de l'eau et tout retourne à l'eau. 
Cinquante ans après l'irruption humide d'Elinor dans la famille Caskey,  il est temps pour elle de raccrocher les crampons palmés. Il n'y aura plus de petits-enfants et tous les fondateurs, son mari Oscar compris, sont morts. Pourtant, Elinor pourrait choisir de retourner à l'état de créature et de vivre (éternellement?). Mais elle fait le choix de sa partie humaine et mortelle, estimant qu'elle avait bâti tout ce qu'elle a pu rêver: une famille, SA famille, prospère et unie malgré leurs différences. 

Et alors, au final, quid de cette saga? 
J'ai l'impression, pour avoir lu certains retours, que les lecteurs qui ont enchainé les six romans d'affilée sont plus emballés que moi qui ai alterné la lecture de chaque tome avec d'autres bouquins. 
Pour ma part je trouve que la densité de la narration est très inégale d'un roman à un autre. Le second tome m'a laissé de marbre par exemple… Je crois que j'attendais aussi un rythme plus bouillonnant et un engagement plus franc qui verserait côté conte horrifique. 

Mais il n'empêche, que la grande force de cette saga, c'est sa singularité. Des personnages aux "créatures", de la ville de Perdido aux rivières sombres qui l'entourent, tout, même dans les thèmes abordés, est à la fois unique, moderne et plutôt osé. Car rappelons que cette série a été écrite par Michael MacDowell dans les années quatre-vingt, les années Sida, maladie qui emportera l'auteur dans la mort une quinzaine d'années plus tard. C'était donc plutôt risqué pour l'auteur d'écrire l'homosexualité par exemple, encore taboue et montrée du doigt tant dans le contexte historique dans laquelle la saga s'inscrit, que dans le contexte de l'écriture-même de ces romans. Il est aussi assez novateur dans la façon d'assumer des personnages féminins qui mènent la barque face à des hommes soumis et passifs. Dans la façon d'aborder la ségrégation raciale. Le mélange entre des thèmes "sensibles" et l'irruption du fantastique dans un quotidien ronronnant fait toute l'unicité de cette saga et explique son succès mondial.

Et je voulais souligner pour conclure l'incroyable boulot de l'éditeur autour des couvertures de romans pour les transformer en petits bijoux. A elles seules, ces gravures donnent envie de collectionner cette série, et de les mettre en avant dans sa bibliothèque. 

Et enfin Elinor: rest in peace.
(et s'il te plait, ne t'invites pas dans mon bain avec ta famille à face plate…)

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