"Notre solitude" de Yannick Haenel (Editions Les Echappées): Je suis Charlie

Yannick Haenel est chroniqueur pour Charlie Hebdo depuis les attentats de 2015. Il a été missionné par Riss pour couvrir le procès en 2020. Cinquante-quatre jours de procès. Cinquante-trois chroniques pour Charlie. Ce roman est celui des "coulisses" de ces chroniques. Comment il lui a fallu, dans les ténèbres, se raccrocher à la lumière pour continuer à écrire.

Pitch (4ème de couv, note de l'auteur)
"Je cherche, à l'intérieur de la parole, ce point où les vivants et les morts se rencontrent. C'est ma définition de la justice; et il y a eu des nuits où je n'étais pas loin de croire qu'elle allait advenir à travers des mots. Etais-je fou? C'est possible, car je me suis beaucoup obstiné; et lorsqu'on cherche à tenir bon, il arrive qu'on ouvre des portes étranges. La solitude nous permet de tout entendre; ainsi nous mène-t-elle à la limite de la raison."


Yannick Haenel est écrivain, pas journaliste. Alors devoir rapporter tous les jours ce qu'il entend dans la Cour d'Assise ne va pas de soi. Surtout lorsque c'est demandé par un collègue survivant de la tuerie. Comment ne pas trahir ces survivants, comment faire parler les morts? Comment écrire  l'innommable, l'insupportable?

Yannick Haenel arrive très vite à ce qu'il pense être ses limites. Syndrome de la page blanche après une journée particulièrement éprouvante suite aux projections des images de la tuerie. Mais ce travail de mémoire, de témoin de témoins est nécessaire et utile pour ne pas oublier les morts. Une nouvelle routine d'écriture doit s'installer.

A travers ce document, Yannick Haenel partage son cheminement de pensée et comment il lui a fallu lutter pour ne pas se laisser totalement engloutir par les ténèbres. Il nous fait toucher du doigt l'importance de la parole dans un tribunal. Le témoignage oral comme point de rencontre entre les morts et les vivants, entre les criminels et les survivants. La littérature comme lumière et ouverture sur le monde.

Une plongée en apnée dans ce livre, lu d'une traite, n'arrivant plus à décrocher des pensées et des émotions de son auteur.
Je suis toujours Charlie.

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