"La Servante Ecarlate" de Margaret Atwood (Editions Robert Laffont): à l'origine, il y avait un livre
J'ai découvert l'univers de La Servante écarlate d'abord par le biais de la série télé. Terrible… mais addictive, au point d'enchainer les cinq saisons d'affilée (la sixième et dernière saison est tout juste en cours de tournage). Alors impossible de lire ce roman sans avoir en tête les acteurs, leurs voix et des flashs de scènes en tête. Cela a peut-être contribué à rendre plus violent que ne l'est de base le texte de Margaret Atwood.
Et je vais vous dire un secret: j'ai préféré la série!
Pitch (4ème de couv):
"Devant la chute drastique de la fécondité, la République de Galaad, récemment fondée par les fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d'autres à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant le réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté."
Dystopie féministe? Margaret Atwood s'en défend en expliquant dans la postface de cette édition que ce n'est pas strictement le cas puisque l'organisation de la société de Galaad est plutôt une pyramide: les hommes ET femmes les plus puissants se trouvant ensemble au sommet de la pyramide. Même si les hommes s'y trouvent un poil plus haut… Il n'empêche: il est bien question de l'avilissement des femmes dans ce roman, de l'annihilation de leurs droits, jusqu'à la négation de leur humanité, leur ôtant jusqu'à leur nom pour n'en faire que des objets destinés à la procréation pour ce qui concerne les servantes.
Impensable d'en arriver là dans notre société "moderne"? Peut-être. Peut-être pas. Car l'autrice n'a étayé ce roman que de pratiques (horribles) existantes ou ayant déjà existé sur cette planète. Il lui a suffi de les regrouper comme lois régissant la République de Galaad. De quoi donner froid dans le dos… et éveiller les consciences?
A la lecture de ce texte, je comprends le matériel de base incroyable qu'il a constitué pour le scénariste de la série télé. Car autant, avec des mots, le lecteur peut choisir les images qu'il met dessus, quitte à parfois atténuer les violences pour la rendre plus "tolérable"... autant il n'y a aucune concession dans la série! Impossible de passer à travers les scènes de viols et violences. Mais la série permet d'humaniser le propos en personnifiant en chair et en os les victimes et bourreaux et notamment June et les Waterford (même si l'esthétique cinématographique les rend plus beaux que leur description littéraire). Dès lors qu'ils deviennent palpables, leurs sentiments aussi. Et il ne règne pas que du désespoir dans cette histoire. June devient la représentante de toutes les femmes, LA combattante, LA Marianne de cette dystopie, celle par qui l'espoir renaît. Impossible alors de la laisser tomber. Et c'est comme ça qu'on en arrive à enchainer les épisodes…
Que ce soit version bouquin, ou version série, cette histoire est d'utilité publique, surtout dans ces moments où les démocraties et les droits des femmes n'ont jamais été aussi fragiles un peu partout dans le monde.
#foreverjune
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