"Animal" de Sandrine Collette (Editions Denoël): le yin et le yang à l'état brut

Quête ou traque, la frontière est poreuse dans ce roman puissant où Sandrine Collette déroule une histoire une nouvelle fois très singulière. Sous une plume acérée, la part sauvage de la nature et de l'âme humaine est éclairée sous son jour le plus brut. Une réussite!

Pitch (4ème de couv):
"Dans l'obscurité dense de la forêt népalaise, Mara découvre deux très jeunes enfants ligotés à un arbre. Elle sait qu'elle ne devrait pas s'en mêler. Pourtant, elle les délivre, et fuit avec eux vers la grande ville où ils pourront se cacher.
Vingt ans plus tard, dans une autre forêt, au milieu des volcans du Kamtchatka, débarque un groupe de chasseurs. Parmi eux, Lior, une Française. Comment cette jeune femme peut-elle être aussi exaltée par la chasse, voilà un mystère que son mari, qui l'adore, n'a jamais résolu. Quand elle chasse, le regard de Lior tourne à l'étrange, son pas devient souple. Elle semble partie prenante de la nature, douée d'un flair affûté, dangereuse. Elle a quelque chose d'animal.
Cette fois, guidés par un vieil homme à la parole rare, Lior et les autres sont lancés sur les traces d'un ours. Un ours qui les a repérés, bien sûr. Et qui va entraîner Lior bien au-delà de ses limites, la forçant à affronter enfin la vérité sur elle-même."




Animal c'est un roman qui parle d'équilibre. Celui qui gouverne la nature. Et celui  après lequel les hommes courent pour maintenir leurs corps mais surtout leurs âmes en harmonie.
Sandrine Collette met en balance les forces, les êtres, les enjeux. Démontrant que loin d'être opposés, ce sont deux faces d'une même pièce.
La proie et le prédateur.
Le chasseur et l'appât.
La survie et la peur.
Nin et Nun.
Hadrien et Lior.
Le tigre et l'ours.
La Russie et le Népal.
L'inné et l'acquis.
La jungle et la ville.
L'Homme et l'animal.
La vie et la mort.

L'un sert l'autre. Et parfois l'un est l'autre. Sandrine Collette confiant des valeurs humaines à l'animal et  réveillant l'animalité qui se cache dans l'Homme.
Les couples s'auto-régulent et ne supportent pas les tentatives de "ménage à trois"  qui finissent systématiquement par échouer. Conduisant à l'abandon ou à la mort de celui qui est alors en trop pour que la balance se ré-équilibre. Conduisant parfois à la folie celui qui se retrouve écarté. 

Le style aiguisé est travaillé comme moyen de toucher du doigt cet état brut. Le lecteur est immergé dans la chasse au point d'entendre les grognements et feulements d'intimidation avant le passage à l'acte, d'apercevoir la fourrure striée tentant de se fondre dans la jungle, d'avoir envie de la caresser; de sentir l'odeur du sang et de la sueur et d'avoir presque envie de goûter à la chair crue et chaude.
Les sens alors en éveil, nous prenons la mesure de la puissance de l'Animal. Celui qui nous fait face, et celui que l'on porte en nous. A l'instar de Lior, la crise de panique et la fascination mêlées ne sont pas loin de nous faire exploser le cœur.

Sandrine Collette signe encore là un grand roman noir, comme seule elle sait si bien les écrire. 
Bravo et merci!
(et à l'année prochaine pour une nouvelle rencontre aux Quais du Polar)



Commentaires

  1. Je n'ai encore rien lu de cette auteure, mais je viens d'acheter "Les fourmis..."

    RépondreSupprimer
  2. Je n'ai lu qu'un seul livre de cette auteure que je voudrais bien continuer à découvrir...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés