"La ville des brumes" de Sara Gran (Editions Points): sexe, drogue et rock'n roll

Étrange découverte que ce polar. Étrange lecture que ce style tranchant et cynique. Étrange rencontre que cette détective privée toxico-dépressive.
Un roman qui, sans être un polar exceptionnel, imprime sa singularité tellement fortement qu'il ne peut pas laisser indifférent. 

Pitch: (4ème de couv):
"Quand Paul Casablancas, l'ex petit-ami de Claire, est retrouvé mort dans sa maison de San Francisco, la police est convaincue qu'il s'agit d'un simple cambriolage. Mais Claire sait que rien n'est jamais simple. Avec l'aide de son nouvel assistant, elle suit les indices, trouvant notamment un nouvel éclairage sur le destin de sa sœur de sang Tracy, évaporée dans le métro de New York dans les années 80. Alors que les visions du passé lèvent le voile sur les secrets du présent, Claire commence à saisir les mots de l'énigmatique Jacques Silette: "Le détective ne saura pas de quoi il est capable avant de se heurter à un mystère qui lui transperce le cœur.""




La ville des brumes est le deuxième roman mettant en scène Claire DeWitt, enquêtrice esquintée. Au terme de ma lecture, il me semble nécessaire de lire le précédent La ville des morts pour pouvoir saisir tous les liens qui sont faits dans ce polar et comprendre les ramifications dans l'espèce de "gang de détectives privés déglingos" qui ont été formés selon des préceptes particulier d'une espèce de gourou, Jacques Silette, et de sa plus fidèle disciple, Constance.
Il existe aussi en filigrane de l'enquête contemporaine, la recherche d'explications sur la disparition de l'amie d'enfance de Claire DeWitt, il y a plusieurs dizaines d'années en arrière, avec là également des clés qui se situent probablement dans le roman précédent et dans ceux qui suivront.

Ce polar est plein de mystère, de malaise, d'inconfort. Les limites entre les rêves, les trips et la réalité sont floues. La violence n'explose jamais vraiment mais c'est une menace permanente bien plus efficace qu'une explosion de sang. Les personnages ne sont pas conformes aux attentes et débordent de leur rôle. 
En résumé, tout est border-line! 
Et dès la lecture des premiers chapitres, j'ai pensé Vernon Subutex, alors que ce roman m'a laissé à posteriori plus de souvenirs flous de sensations que de souvenirs liés véritablement à l'histoire de Vernon.

Mais La ville des brumes c'est avant tout cela: un polar de sensations! Et non un polar "d'enquête". Le lecteur est soumis et subi le rythme et les sautes d'humeurs imposés par Claire DeWitt, qui avance comme elle peut dans sa vie et dans son investigation, entre deux rails de coke et deux prises de Valium. Ajoutez à cela le brouillard de San Francisco et de ses environs, et la sensation d’oppression finira par vous engloutir. Vous serez content de retrouver le soleil, une fois le nez sorti du livre.
Une expérience de lecture intrigante mais pas déplaisante et qui a le mérite de sortir des sentiers battus. 

Sara Gran est aussi scénariste et il semblerait qu'une adaptation de la série des Claire DeWitt soit envisagée. Cela me rend curieuse de savoir comment elle va pouvoir reproduire cette atmosphère sur petit écran... et comment sera représentée la Claire DeWitt de chair et de coke!

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