"Macbeth" de Jo Nesbo (Editions Gallimard): être ou ne pas être accro à Jo Nesbo, that is the question

(... oui, je sais que c'est une réplique d'Hamlet hein, et non de Macbeth! Mais me fallait un titre accrocheur, et vu qu'à part cette fameuse réplique je ne connais rien de Môsieur Shakespeare...)

Revisite de l'oeuvre monumentale de Shakespeare par le plus monumental des écrivains norvégiens, autant dire que l'on atteint là un sacré niveau de littérature pour ce Macbeth contemporain! 
N'ayant pas lu l'oeuvre initiale, cette chronique accordera donc tout le crédit de cet incroyable roman noir à Jo!  Désolé William.. sans rancune?

Pitch (4ème de couv):
"Dans une ville industrielle ravagée par la pauvreté et le crime, le nouveau préfet de police Duncan incarne l'espoir du changement. Aidé de Macbeth, le commandant de la garde, l'unité d'intervention d'élite, il compte débarrasser la ville de ses fléaux, au premier rang desquels figure Hécate, baron de la drogue. Mais c'est ne faire aucun cas des vieilles rancœurs ou des jalousies personnelles, et des ambitions individuelles... qu'attise Lady, patronne du casino Inverness et ambitieuse maîtresse de Macbeth. Pourquoi ce dernier se contenterait-il de miettes quand il pourrait prendre la place de Duncan? Elle invite alors le préfet et d'éminents politiques à une soirée organisée dans son casino. Une soirée où il faudra tout miser sur le rouge ou le noir. La loyauté ou le pouvoir. La nuit ou le sang."




Mais quel roman, bon Dieu! Quel roman!
Lu entre les guirlandes clignotantes,  le champagne et la bûche et en opposition aux lumières de Noël, cette plongée dans le noir enveloppant, épais et violent était d'un contraste froid et saisissant (par contre l'ambiance y est aussi lourde que mon estomac sur-rempli!)
Dans une ville entre Gotham  et Sin City, peinte en nuances de gris, sous une pluie continue, la couleur n'est donnée que par le rouge du sang ou de la robe de Lady, seule adversaire vraiment à la hauteur de Hécate. Les personnages, à l'instar de ce décor glauque, sont guidés par la corruption, la vengeance, la cupidité, l'ambition, la dépendance. Le mal, rien que le mal. Partout. Qui domine et soumet les pauvres hères qui se défoncent dans les bas-fond de la ville.
L’atmosphère est plantée. Ne reste plus donc qu'à accompagner cette fuite en avant de Macbeth, pantin ballotté entre la reine rouge et le parrain blanc. Un homme qui se voit roi à la place du roi. Une mégalomanie folle qui va le faire sombrer, inexorablement.

Alors je sais bien hein, que cette grande tragédie c'est pas sortie de l'imagination de l'auteur norvégien. Néanmoins, ce qu'il propose là comme transposition contemporaine suffit à combler l'amatrice de romans noirs que je suis.
Peut-être d’ailleurs que l’atmosphère était d'autant plus immersive que, n'ayant pas lu Shakespeare, je n'en connaissais pas l'histoire. J'ai donc vécu (subi?), en même temps que les personnages, cette escalade de la violence. 
Un roman écrit presque comme un film, où l'on imagine que l'auteur a pu parfois penser l'esthétique d'un plan avant de l'écrire (Macbeth sous la pluie, sur le toit de l'Inverness qui contemple la ville... mais trop Batman, quoi!)

J'ai vraiment beaucoup aimé. Beaucoup beaucoup 🖤🖤🖤 
Et ça vaut donc une fameuse Baignoire d'Or!!! (non, ne me remerciez pas Mr Nesbo, elle est en plastoc de toute façon...)
De quoi renforcer ma Nesbomania... et d'attendre avec impatience le retour de Harry Hole! 



Commentaires