"La maison des chagrins" de Victor del Arbol (Editions Actes Sud): un roman-puzzle en noir et noir

Merci Monsieur Del Arbol d'avoir cassé la malédiction de mes dernières lectures laborieuses, même si ce roman ne fut pas une lecture facile car exigeante pour apprivoiser le style et demandant une certaine concentration pour ne pas se perdre dans les entrelacs d'intrigues.
Enfin un roman noir sans espoir comme je les aime. Gracias!

Pitch (4ème de couv):
"Après avoir purgé une peine de prison pour le meurtre du chauffard qui a tué sa femme et sa fille, voilà quatorze ans, Eduardo tente de survivre grâce à l'alcool et aux psychotropes que lui prescrit la psychiatre chargée de sa réinsertion. Peintre autrefois coté, il gagne sa vie en exécutant à la chaîne des portraits anonymes que sa galeriste place dans les grandes surfaces. Un jour, celle-ci lui transmet une bien étrange commande: une célèbre violoniste souhaiterait qu'il réalise le portrait de l'homme qui a tué son fils. Unis dans la même douleur, la commanditaire et l'artiste ouvrent bientôt la boite de Pandore, déchaînant tous les démons qui s'y trouvaient enfouis."


Lecteurs à la recherche d'un feel-good-book, passez votre chemin! Cette Espagne rêvée baignée de couleurs, de soleil et synonyme de vacances vous pouvez l'oublier fissa.
Victor del Arbol transforme Madrid en décor de théâtre pour une tragédie grecque, et ses acteurs en pantins du destin. Une fois extirpé de l'effervescence confusionnelle du début de roman qui naît de la multiplication des personnages et des lieux,  il vaut mieux pour le lecteur choisir de se laisser porter plutôt que de lutter à chercher à comprendre tous les enjeux dès les premiers chapitres. 
Car chaque personnage détient une partie de la vérité qui se cache derrière leurs drames personnels. Chacun est le pion, la victime ou le bourreau d'un autre. Voire, endosse les trois costumes à la fois et parfois à son insu.
De cette pelote de souffrances enchevêtrées, Victor del Arbol dénoue lentement les fils pour laisser apparaître les liens qui unissent Eduardo, Olga, Gloria, Arthur, Ibrahim, Who et d'autres. Cela se fait non sans violence et douleur, mais après tout, c'est ce qu'on attend d'un roman noir.

L'auteur exploite les rouages de la destinée chère aux tragédies antiques pour les appliquer dans cette tragédie contemporaine. La crédibilité de l'intrigue reste alors possible malgré ces hasards qui font bien les choses. Car ce n'est plus tant du hasard mais une sorte de fatalité divine qui a placé les pions sur l'échiquier de telle sorte à ce qu'ils ne puissent pas faire autrement que de jouer la partie jusqu'à ce que vérité éclate et ce que mort s'ensuive.

Une belle découverte pour moi que la plume de cet auteur espagnol avec l'envie de découvrir un précédent roman multi primé, La Tristesse du Samouraï
Et un livre de plus à venir dans ma PAL, un!

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