"Petiote" de Benoît Philippon (Editions Les Arênes): Philippon est toujours aussi pulp

(pulp et pas pulpeux hein… Parce que je vous vois venir, bande de petits sacripants!)

Mais quelle joie d'avoir rencontré Benoît Philippon (et sa chemise à fleurs) aux Quais du Polar! Un auteur à l'image de ses romans: accessible, truculent et humble. Aussitôt Petiote acheté et dédicacé, aussitôt sa lecture débutée dans la file d'attente des dédicaces de Môsieur Norek (parce que faut pas croire, un weekend aux Quais du Polar c'est toute une stratégie pour optimiser les rencontres avec les auteurs!)
Encore une fois un roman qui fait la part belle à l'Humanité dans le cœur des âmes cabossées. Génialissime!

Pitch (4ème de couv):
"Pour récupérer la garde de sa fille, Gus, un père au bout du rouleau, se lance dans une prise d'otages dans l'hôtel de naufragés où il vit. Sa revendication? Un Boeing pour fuir au Venezuela avec Emilie, sa petiote.
Pour ce plan foireux, Gus s'allie à Cerise, une prostituée à perruque mauve. A eux deux ils séquestrent les habitants déglingués et folkloriques de cet hôtel miteux: George, le tenancier, Boudu, un SDF sauvé des eaux, Fatou, une migrante enceinte, Gwen et Dany, un couple illégitime enregistré incognito, Hubert, un livreur Uber jamaïcain, mais aussi Sergueï, un marchand d'armes serbe en charge d'un transit de drogue mafieux. Et bien sûr, Emilie, son ado rebelle de quatorze ans.
La capitaine de police Mia Balcerzak est la négociatrice de cette cellule de crise. Crise familiale, crise de la quarantaine, crise sociale, crise de nerfs… quoiqu'il arrive, crise explosive!
L'histoire d'un loser qui n'a plus rien à perdre."


Vous commencez à le savoir: Benoît Philippon fait partie de mes auteurs chouchous. Depuis Mamie Luger je n'ai plus décroché, tellement ses romans sont de la bonne came. Ma chronique sur Cabossé m'avait permis d'être sélectionnée comme Jurée pour le Prix 2021 des lecteurs France Bleu/Page des Libraires. Autant dire que les romans de Philippon sont pour moi comme des trèfles à quatre feuille: l'assurance de trouver du bonheur.

Le proverbe dit qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture… Et ben pour le coup, là, vous pouvez! Car le visuel très pulp est à l'image de l'écriture: une narration haute en couleur et scénographique, tellement pensée pour le ciné (ou le film d'animation!)

Petiote tient toute ses promesses en reprenant les thèmes (combats?) chers à l'auteur avec notamment la mise en lumière d'hommes et de femmes généralement niés par la société, lorsqu'ils ne sont pas conspués: SDF, prostitués, migrants… 
Fatou la migrante est avant tout Fatou la battante, derrière Cerise la psychopathe se cache Caroline la justicière. Et George, et Boudu, et Hubert… L'auteur donne la parole aux invisibles, les fait se rencontrer pour mieux lutter ensemble. En mettant quelques claques au passage, notamment aux journalistes BFMisés et autres réseaux sociaux adeptes du sensationnalisme et vecteurs d'acharnement envers les plus fragiles. Philippon assumant pleinement les messages féministes, politiques qu'il fait passer au travers de sa galerie de personnages et de dialogues aussi truculents que percutants, droit dans le cœur des lecteurs. 

Cette fuite en avant de ce père, uniquement motivée par l'amour qu'il porte à sa fille, est ubuesque mais sans jamais tomber dans le ridicule car l'émotion est toujours là en embuscade. 
J'ai tellement ri, tellement… Jusqu'à être cueillie en toute fin de roman.

Merci Benoit Philippon pour ce grandiose Petiote! 

PS: Ne faites pas vos lopettes, sociétés de prod! Lâchez du pognon pour qu'on ait le bonheur de voir les personnages de Philippon prendre vie à travers petits ou grands écrans! 



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