"Les Enchanteurs" de James Ellroy (Editions Rivages): un roman stroboscopique
Des personnages par milliers. Un puzzle qui met presque 700 pages à s'emboîter. Il faut bien accrocher sa ceinture et ses neurones pour suivre le rythme dans cette histoire tentaculaire. Bienvenue dans la littérature made in Ellroy!
Pitch (4ème de couv):
"Los Angeles. 4 août 1962. La ville est en proie à la canicule, Marilyn Monroe vient de succomber à une overdose et Gwen Perloff, une actrice de série B, est kidnappée dans d'étranges circonstances. Cela suffit à plonger le LAPD dans l'effervescence. Le chef Bill Parker fait appel à un électron libre, enquêteur privé, pourvoyeur de ragots, expert en intrusions discrètes et pose de micro, le controversé Freddy Otash. Mais Jack et Bobby Kennedy sont eux aussi affolés par la mort de Marylin dont ils veulent ternir l'image pour couper court aux rumeurs d'implications sexuelles avec elle, réélection oblige. Par ailleurs, un prédateur surnommé Le Satyre s'attaque aux femmes seules, la Fox perd des fortunes avec le tournage catastrophique de Cléopâtre et recourt à de drôles d'expédients, sans parle du sulfureux "Catalogue de Filles" que Peter Lawford aurait partagé avec Jack. Le chaos règne dans la Cité des Anges déchus et Freddy O. ne sait plus où donner de la tête."
Soixante-dix personnages. Presque dix fois plus de pages à parcourir. Une narration portée par un personnage sous cachetons et alcool 90% du temps. Cela donne un roman qui peut causer le tournis voire pourrait décourager certains mais…
Si le lecteur arrive à se laisser porter par le rythme erratique et accepte de plonger dans ce monde de ripoux, il risque bien de se laisser envouter par la version du roman noir by Ellroy.
S'appuyant sur des faits et personnages historiques, l'auteur vient appuyer les traits de caractère les plus tordus des protagonistes de cette époque pour livrer une vision fictionnelle du "complot" qui entoure la mort de l'icône Monroe. Et il n'épargne personne, encore moins la principale intéressée! Tous des pourris: des politiciens (ouch les Kennedy!) aux flics, des starlettes de ciné à ceux qui les produisent et des psychiatres aux gosses de L.A … Les ramifications entre tous faites de corruption, de violence, de sexe et/ou de drogues pour un max de fric ou de fame.
Un roman noir complexe et acide où transpire le côté obsessionnel de l'auteur par l'amoncellement de détails (qu'il nomme "Caméra Humaine" à travers le personnage de Freddy O.) mais aussi par la déclaration d'amour à cette époque de l'histoire américaine de laquelle il ne veut pas sortir, se définissant lui-même comme un homme du passé se foutant royalement de l'époque contemporaine!
Si vous avez beaucoup de temps devant vous et que vous ne craignez pas d'être ensevelis par une intrigue velue et des personnages par millions (j'exagère à peine), lancez-vous! Et vous pourriez bien finir comme des (lecteurs) enchantés…
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