"Le Coeur battant de nos mères" de Brit Bennett (Editions Autrement): le premier roman d'une auteure qui a déjà presque tout d'une grande

Suite des lectures de la sélection des romans pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2018. Là encore, nous ne sommes pas vraiment plongés dans un feel-good book. Mais contrairement à Vera (voir la précédente chronique), l'histoire bien écrite par Brit Bennett enveloppe le lecteur, favorisant la naissance des émotions ... enfin! 


Pitch (4ème de couv):
" Nadia a 17 ans et la vie devant elle. Mais quand elle perd sa mère et avorte en cachette, tout change. Elle choisit alors de quitter la communauté noire et religieuse qui l'a vu grandir. Boursière dans une grande université, Nadia fréquente l'élite. Elle a laissé derrière elle Luke, son ancien amant aux rêves brisés, et Aubrey, sa meilleure amie. Durant une décennie marquée des affres de la vie, les trajectoires des trois jeunes gens vont se croiser puis diverger, tendues à l'extrême par le poids du secret"




Il y a un je-ne-sais-quoi chez les auteurs américains qui les rend particulièrement habiles dans l'écriture de grandes fresques dramatiques. Et Mme Bennett, même si elle reste encore un peu timide, montre qu'elle a toutes les cartes en main pour devenir une auteure incontournable. 
On pressent avec ce roman un certain talent pour raconter les interactions entre les personnages  et pour favoriser l'empathie, donnant une belle densité et crédibilité à ses personnages en évitant l'écueil de les décrire comme des êtres manichéens dans leurs actes, leurs sentiments, leurs combats contre les ombres du passé.  

Ces ombres qui sont celles de Mères: cette mère qui s'est donnée la mort sans donner d'explication, celle qui a décidé de fermer les yeux sur le viol de sa fille par son compagnon, cette autre qui a payé l'avortement de la copine de son fils pour éviter les complications et la mauvaise réputation de son Eglise, et toutes celles, en retrait qui regardent le drame se jouer sans jamais intervenir, fatalistes car elles ont déjà vécu tout cela: la transformation de fille en femme, ce rite de passage immuable avec ses grandes espérances et ses grandes douleurs... le cycle de la vie en somme!

Le propos du roman est donc plus complexe qu'il n'y parait au premier abord et n'apportera pas toutes les réponses, ni aux personnages, ni au lecteur, ce qui s'avère plutôt frustrant.
Et même si, sur le papier, tous les ingrédients sont donc là pour en faire un incroyable roman, il manque ce "souffle",  cet embrasement qui aurait pu rendre plus épique voire héroïque la quête après laquelle Nadia, Aubrey et Luke courent, se déchirent et se rejoignent: l'Amour. 

Il ne faut pas oublier que Le Coeur battant de nos Mères est le tout premier roman de cette jeune auteure prometteuse. Je ne doute pas qu'elle confirmera voire affirmera ses qualités d'écriture dans ses prochains romans. Une future grande? En tous les cas, une auteure à surveiller de près! :)

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