"Soumission" de Michel Houellebecq (Editions J'ai Lu): pourquoi tant de polémique?

Alors oui, j'ai acheté ce bouquin parce qu'on en avait beaucoup (trop) parlé, voire parce qu'on lui prêtait  le pouvoir de faire éclater la Haine (et j'exagère à peine). Du coup, ma curiosité a pris le dessus. Et ma conclusion à l'issue de ma lecture, c'est que c'est vraiment prendre les lecteurs pour des benêts que de les croire incapables de voir dans ce roman une satire de notre société et de la politique actuelle.

Pitch (4ème de couv):

"Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant, les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve."

Ou pour faire plus concret: 2022. L'élection pour la Présidence du pays voit s'opposer le Front National à la Fraternité Musulmane. 

Pourquoi ce pitch a t'il fait autant le buzz? Parce qu'il dérange. Parce qu'il n'est peut-être pas tant tiré par les cheveux que cela et parce que Houellebecq nous démontre que c'est la responsabilité des citoyens mais aussi des politiques de choisir de faire basculer le pays dans des changements radicaux. Les hommes politiques y sont bêtifiés (Bayrou en prend plein la tronche), les citoyens amorphes, incapables ou ne voulant pas réagir, sous emprise, fatalistes. La soumission étant accepté car définie comme l'état dans lequel l'Homme est le plus heureux: la soumission de l'Homme à Dieu, la soumission de la femme à l'homme. Un peu comme la position antalgique qu'on adopte car même si elle n'est pas tout à fait naturelle, elle n'en est pas moins confortable.

Malheureusement, l'écriture du roman est bien trop didactique et élitiste pour en faire un roman "lisible", là où j'aurais préféré plus d'illustrations sur ce qu’entraînerait concrêtement cette soumission (en dehors du cantonnement des femmes à la maison, du salaire triplé pour ceux qui se convertissent à l'islam, de la polygamie et du retour à une société basée sur la solidarité familiale...).  J'ai eu l'impression de ne faire qu'effleurer le propos du roman, ce qui renforce mon incompréhension face au battage médiatique et au fait qu'on ait taxé de roman de "dangereux"!

"Soumission" un roman de propagande révolutionnaire? Certainement pas. Et même s'il sème cette petite graine de "et si" qui amène à un début de réflexion, le roman est bien trop "intellectualisé" pour que toutes les consciences y ait accès. Et c'est bien dommage!