"On la trouvait plutôt jolie" de Michel Bussi (Editions Presses de la Cité): la magie noire de Bussi fonctionne toujours

[sans spoil garanti!]
Michel Bussi, on le sait, aime faire de la prestidigitation littéraire et cueillir le lecteur là où il ne s'y attendait pas. Et bien je l'affirme: ce roman est à ranger dans la case des grandes illusions! Le stratagème est énorme... et pourtant on se laisse berner. Chouette! (fallait que je la fasse, désolée... 😁)

Pitch (4ème de couv):
" - Qu'est ce qui ne va pas Leyli? Vous êtes jolie. Vous avez trois jolis enfants. Bamby, Alpha, Tidiane. Vous vous en êtes bien sortie.
- Ce sont les apparences, tout ca. Du vent. Il nous manque l'essentiel. Je suis une mauvaise mère. Mes trois enfants sont condamnés. Mon seul espoir est que l'un d'eux, peut-être, échappe au sortilège.
Elle ferma les yeux. Il demanda encore:
- Qui l'a lancé ce sortilège?
- Vous. Moi. La terre entière. Personne n'est innocent dans cette affaire."





Il a frappé fort, encore, Mr Bussi dans la construction de son roman. Un jeu d'intrigues multifacettes qui est désormais sa marque de fabrique et qui séduit les lecteurs qui aiment la surprise. Et dont le succès n'est plus à démontrer au regard des ventes exponentielles de ses romans.

Mais au-delà de cette "patte Bussi", j'ai apprécié ce livre aussi pour sa noirceur, bien plus présente que dans les précédents, qui s'ancre dans l'actualité en traitant de la question des migrants. Parfois, les rappels à l'Histoire se font de façon un peu trop didactique, ce qui tranche avec ton du roman et nous fait maladroitement sortir de l'intensité du roman. Mais derrière l'auteur, se cache le professeur d'université, aux compétences politiques et géographiques, qui souhaite avec On la trouvait plutôt jolie sensibiliser son lectorat et faire passer des messages. C'est peut-être moins subtil et poétique que Pierre Perret, mais la cible est atteinte.

Le personnage de Leyli, rayonnante et multicolore, contraste avec son chemin noir pour arriver en France. Leyli un fabuleux (et même presque mythique, voire mystique) personnage de roman, et pourtant dans son ombre, des parcours réels de milliers de migrants qui sont à minima sordides, quand ils ne se finissent pas par la mort.
Une migration de population qui a toujours existé d'aussi loin que remonte l'Humanité dont on en a fait un problème uniquement depuis les cents dernières années de notre histoire. Jusqu'à déboucher sur une véritable crise humanitaire. 

Ce sordide de l'actualité a été un terreau savamment utilisé pour en faire un polar intense, un page-turner dont il est difficile de se défaire tant qu'on ne l'a pas terminé.
Oui, j'ai été happée par l'histoire de Leyli. Oui, conquise par la "supercherie" de l'intrigue. Et  oui ravie, qu'enfin, tout ne soit pas rose au pays d'Houdini! ... Euh non! De Bussi!



Lampedusa, Debout sur le Zinc




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