"Les Chemins de la Haine" d'Eva Dolan (Editions Liana Levi): polar social tu ne perds pas ton sang froiiiiiid

Pas complètement convaincue par ce polar, je pressens pourtant un potentiel en voie de développement dans l'écriture d'Eva Dolan. Et notamment un potentiel dans l'évolution de l'équipe de flics dédiés à la lutte contre les crimes de haine, menée par un inspecteur qui n'a pas encore la carrure d'un Hole ou d'un Morck mais qui a néanmoins une personnalité qui ne demande qu'à s'étoffer et exploser. 

Les Chemins de la Haine: un teaser?

Pitch (4ème de couv):

"Pas de corps reconnaissable, pas d'empreintes, pas de témoin. L'homme brûlé vif dans l'abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion: il s'agit d'un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Ils sont nombreux, à Peterborough, ceux qui arrivent des pays de l'Est, et de plus en plus encore, à la recherche d'une vie meilleure. Et nombreux ceux qui voudraient s'en débarrasser. Les deux policiers qui enquêtent sur le meurtre, Zigic et sa partenaire Ferreira, ne l'ignorent pas. N'éliminant aucune piste, le duo pénètre dans un monde parallèle à la périphérie de cette ville sinistrée par la crise économique, là où les vies humaines ont moins de valeur que les matériaux utilisés sur les chantiers de construction. Là où tous les chemins peuvent mener au crime de haine."

Pour un premier polar, Mme Dolan n'a pas à rougir. Elle a bien intégré les codes... peut-être parce que c'est avant tout une passionnée et ex-critique du genre. 

Et son réel point fort est de tout de suite arriver à imposer un univers, celui des crimes de haine. Des crimes liés au contexte social, où la crise est le terreau parfait pour l'exploitation et la négation de l'humanité des plus faibles,  qui sont usés et abusés.. voire tués! Racisme, immigration, prostitution, travail illégal, esclavage et tous leurs copains se sont donnés rendez-vous dans ce roman! 

Et c'est un "genre" auquel je suis moins sensible, moins "sexy", trop âpre et sérieux... là où les "classiques" tueurs en série bien dégueulasses sont plus fun! 😁😁😁 (dois-je aller voir un psy... that is the question!)

En dehors de cette question de goût personnel (ou plutôt de manque de goût) pour le polar social, je mets aussi un petit bémol sur la multiplicité des personnages, donnant une impression de fouillis général.

Mais le duo de flics Ferreira/Zigic fonctionne bien. Eva Dolan arrive à doser assez justement l'équilibre entre investigation et action, entre commissariat et terrain. Et l'histoire, pourtant sordide, est carrément crédible.

En fait, avec Les Chemins de la Haine j'ai l'impression d'avoir lu un "pilote". L'épisode 1 d'une série à venir pour laquelle on plante le décor et les principaux personnages... mais où on en garde sous le pied pour la suite à venir.

Et même si elle ne m'a pas complètement séduite, Eva Dolan a malgré tout piqué ma curiosité!

(et une petite larmichette car ce roman était le dernier à chroniquer et noter dans le cadre du Grand Prix du Jury Elle 😪Une chouette aventure livresque pour laquelle je trouverais peut-être l'occasion de faire un petit article spécial... lorsque les lauréats seront désignés? Qui sait...)