"Joueuse" de Benoît Philippon (Editions Le Livre de Poche): y'a bien un Baloo, mais c'est pas du Disney

(Oui je sais, ça faisait longtemps depuis la dernière chronique. Mais ça n'a rien à voir avec des vacances... plutôt avec une absence de vacances! Vivement septembre...)

Ahhhhh, Benoît Philippon! Devenu auteur-chouchou avec Mamie Luger, auteur porte-bonheur avec Cabossé (chronique qui m'a permis d'accéder au jury du Livre France Bleu/Page des Libraires). Donc autant dire que j'avais hâte de le retrouver!
Toujours autant conquise par son style éléphant-dans-un-magasin-de-porcelaine, j'ai cependant été moins bouleversée par les personnages. Touchée certes, mais pas coulée. 

Pitch (4ème de couv):
"Maxine est une de ces femmes à qui rien ne résiste. Elle tombe sous le charme de Zack, joueur de poker professionnel comme elle, mais elle n'en montre rien. Qui maîtrise à la perfection l'art de la manipulation ne dévoile jamais son jeu.
Maxine propose à Zack une alliance contre un concurrent redoutable. Piège ou vengeance...
Zack n'en sait rien. Mais comment résister à la tentation du jeu? Maxine est une tornade qui défie le monde si masculin des joueurs de poker. Elle est bien décidée à régler ses comptes, coûte que coûte."


Après Berthe, Roy et Guillemette, il est temps de faire entrer dans la danse des mots-mitraillette de Philippon Maxine, Zack, Baloo et Jean. Tous cabossés (jeu de mot ramucho) par la vie qui leur a laissé des cicatrices s'exprimant au travers de caractères bien trempés.
Puisque la vie est une chienne et que leurs voix ne comptent pas pour la Justice, pour les administrations ou que personne dans leur propre famille n'est capable les protéger, alors autant se faire justice soi-même. En utilisant ce que ces gogos maitrisent le mieux: le poker! De tricheries en bluff, de poker face en grand numéro de comedia del arte, Maxine ira jusqu'à miser l'histoire de sa vie  pour obtenir la résilience.

Les codes Philippon restent bien identifiables: personnages atypiques et pulp dans un univers qui cache sous la violence et des envois de fion dans la tronche, beaucoup de tendresse et des déclarations d'amour. Leur physique et les préjugés qui vont avec ne collent pas avec les valeurs qu'ils portent haut... et qu'ils impriment dans la tronche des connards qui ont le malheur de les transgresser. Une bande à la Robin des Bois, qui fait union et tente de rétablir, hors des clous, un brin de moralité dans ce monde de brutes. 

Toujours aussi sensible à l'écriture punchlinée et rythmée de Benoît Philippon, j'ai peut-être cependant été moins touchée par la bande à Maxine. Je ne sais pas à quoi ça tient. Peut-être à ma propre lecture, trop hachée pour me laisser le temps de m'immerger complètement dans l'histoire. Je mets quand même une mention spéciale à Jean: ce gosse aux yeux d'adulte, capable de péter les carapaces les plus solides en une phrase sans filtre, ni concession.

Mais si la magie n'a pas autant opérée avec ce Joueuse, je persiste et signe: Benoît Philippon est un incontournable du roman-noir-mais-qui-cache-beaucoup-d-amour-sous-les-coups-de-mandales.
Alors ne passez surtout pas à côté de cet auteur-pépite!

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