"Les Larmes Noires sur la Terre" de Sandrine Collette (Editions Denoël): MA-GIS-TRAL!

Mais comment une auteur si gentille et si souriante peut-elle écrire des romans sur des thèmes si durs et violents... c'est un mystère! Mais ne changez rien Madame Collette: ni pour votre gentillesse ni pour votre talent pour le Noir! 

Déjà complètement enchantée par son précédent livre "Il reste la Poussière" (article par ici: http://unlivredansmabaignoire.blogspot.fr/2016/10/il-reste-la-poussiere-de-sandrine_23.html) je me suis complètement laissée engloutir  par ce dernier roman qui m'a entraîné avec lui dans les tréfonds de la Casse. Une plongée dans un univers proche de l'apocalypse. Magistral!

Pitch (4ème de couv):
"Il a suffit d'une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n'avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l'accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d'accueil pour déshérités, surnommé "la Casse".
La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d'automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrières, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir.
Et puis, au milieu de l'effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin: dans sa ruelle, cinq femmes s'épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu'elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser.
Leur force, c'est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s'en sortir. Mais à quel prix?"







Plus je découvre Sandrine Collette, plus je suis conquise par son univers. Aux Quais du Polar où elle était à nouveau présente cette année (en dédicace mais aussi en étendard à l'intérieur du Palais de la Bourse de Lyon cf photos en fin d'article), elle a pu avouer (sous la torture des signatures 😄) que c'était sa marotte de travailler sur les ambiances dans ses romans. 
Oui mais par ambiance, n'allez pas vous imaginer le monde des bisounours hein! Plutôt celui des bas-fonds de l'esprit humain lorsqu'il est rejeté ou abusé (ou dérangé), déclinant la violence sur tous les modes imaginables (ou plutôt que l'on préférerait ne pas imaginer...)

Et quel décor dantesque que cette Casse, que l'auteure semble situer quelques décennies après la nôtre puisque les attentats de Paris, la guerre en Afghanistan semblent avoir eu lieu il y a plusieurs années déjà. 
Se retrouvent dans cet enchevêtrement de tôles, des destins brisés au parcours chaotiques, aux choix mal éclairés, aux rencontres malfaisantes. Des victimes de la vie. Une Cour des Miracles de paumés qu'on ne laisse désormais plus errer dans les rues mais qu'on enferme contre leur gré à l'écart de la ville pour pouvoir les traiter comme des esclaves.  Loin des yeux, loin du cœur...  loin de la belle "Liberté, Egalité, Fraternité", loin de l'humanité. 
Au milieu de cet enfer sur terre,  cinq femmes vont prendre sous leur aile Moe et son petit Côme, arrivés là à la suite d'un enchaînement de mauvais choix. Ensemble, elles vont la protéger de la violence de ce ghetto, lui apprendre les règles pour éviter de se faire tuer ou violer, partager leurs histoires, leur bouffe, leur douleur. Pour tenir, autant que possible...
Dans cette Casse mortifère, la solidarité de ces six femmes sera leur salut, la source d'une énergie salvatrice, lorsque l'espoir semblera être perdu.

Je ne peux en dire plus sur le roman. Parce qu'il est beaucoup plus intéressant de faire l'expérience de cette lecture immersive dans le grand noir sans en savoir trop, pour mieux se laisser happer par l'histoire. 

De mon côté, je ne ressors pas totalement indemne de cette lecture: autant avec son précédent roman il me restait la sensation d'avoir du sable dans les yeux et la bouche, autant avec Les Larmes Noires sur la Terre  j'ai l'impression d'avoir été griffée, lacérée. 
Le signe pour moi d'un GRAND roman Noir. Et donc d'un GRAND coup de cœur! 
SEN-SA-TION-NEL! 💗


                   



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