"Quand sort la Recluse" de Fred Vargas (Editions Flammarion): PRO-DI-GIEUX!

Bon alors, pour commencer, il faut savoir que cet animal à huit pattes dont il est question dans ce polar est mon pire cauchemar au point d'avoir des démangeaisons à l'idée de devoir taper son nom. Je vais donc remplacer "ar......" (brrrr) par "petit pois". Parce que j'aime pô ça non plus, mais pas au point d'en avoir des sueurs froides. 
Ce pré-requis donné, je peux commencer.

"Bonjour je m'appelle Laure et je suis petitpoitophobe"  (normalement vous répondez un "Bonjour Laure", avec toute l'empathie possible). Et donc je reprendrais par :"Je suis aujourd'hui ici parce que j'ai peur des petits pois et que pourtant j'ai réussi à lire un roman qui en parle sous toutes les coutures" (et là normalement vous m'applaudissez et je me mets à pleurer). 

Oui, c'est un coup de cœur inattendu, vu le sujet... quoique! C'est Fred Vargas quand même!

Pitch (4ème de couv):
" - Trois morts, c'est exact, dit Danglard. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n'est pas de notre compétence.
- Ce qu'il serait bon de vérifier, dit Adamsberg. J'ai donc rendez-vous demain au Muséum d'Histoire naturelle.
- Je ne veux pas y croire, je ne veux pas y croire. Revenez-nous, commissaire. Bon sang mais dans quelles brumes avez-vous perdu la vue?
- Je vois très bien dans les brumes, dit Adamsberg un peu sèchement, en posant les deux mains à plat sur la table. Je vais donc être net. Je crois que ces trois hommes ont été assassinés.
- Assassinés, répéta le commandant Danglard. Par l'araignée recluse?"

(pas de petit pois dans le pitch car aucune envie d’égratigner l'écriture de ce dialogue... mais ayai, je tachycardise!)




L'enquête est prodigieuse parce que Fred Vargas est prodigieuse! Car m'amener à dévorer un livre qui parle de crimes commis par des petits pois c'est juste un exploit! Parce qu'en plus il en est question en long, en large et en travers: les différentes morsures de petits pois, leur taille, leur cachette, leur venin... Le tout, pour une phobique comme moi étant de ne pas laisser les image s'imprimer trop profondément sur la rétine sous peine de regarder sous le lit toutes les deux minutes.
Mais il n'est pas seulement question de cette Recluse là, l'animale. Fred Vargas, amoureuse des mots à double sens, nous mène sur la piste des Recluses humaines, ces femmes qui se faisaient emmurées  et qui ne vivaient que des aumônes passées par une petite lucarne, dans cette prison où elles avaient choisies d'expier leurs pêchés, jusqu'à la mort. 

Deux univers qui se rejoignent dans cette intrigue rondement menée par cet incroyable commissaire Adamsberg, maillon essentiel dans la réussite de ce polar. Fred Vargas l'a crée. Jean-Baptiste le lui rend bien. Comment ne pas s'attacher à cet être plus aérien que terrien, composé plus d'eau que de chair... et même d'une d'eau gazeuse toute particulière qui laisse exploser les idées-bulles à la surface, transformant les présomptions en certitudes; le chef de file d'une brigade aux personnalités (facultés?) atypiques au sein de laquelle se dégage une certaine tendresse, presque familiale. 

Un petit monde en soi magistralement servi par l'écriture de Fred Vargas! De la poésie dans les personnages, de l'absurde dans les dialogues où les personnages bigarrés se répondent de métaphores en métaphores, d'associations d'idées en association d'idées. Des joutes verbales tellement truculentes qu'il m'est arrivé de relire plusieurs fois le même passage juste pour le plaisir du choix des mots, de la justesse des phrases... un régal pour les yeux. De la finesse, de l'esprit,  qui élève le lecteur, lui donne envie aussi de jouer avec les mots.

C'est un déchirement ce soir que de devoir laisser Adamsberg et Fred Vargas... en espérant qu'ils reviennent vite, ces deux indissociables, nous raconter un autre cruel polar! 💗💗💗
Et vive les petits pois, tant qu'ils restent au service d'une belle intrigue! (si un jour, on m'avait dit que je finirais une chronique par une telle phrase...)




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