"Une Histoire des Loups" d'Emily Fridlung (Editions Gallmeister): une histoire à écrire avec l'auteur

Troisième roman de la sélection pour le Grand Prix Elle et troisième drame. A croire qu'il est plus facile d'écrire des histoires tristes. Une Histoire des Loups est un roman pour lequel il va être difficile de décrire nettement les émotions qu'il suscite tant il laisse le lecteur avec une multitudes de points d'interrogation.

Pitch (4ème de couv):

"Madeline, adolescente un peu sauvage, observe à travers ses jumelles cette famille qui emménage sur la rive opposée du lac. Un couple et leur enfant dont la vie aisée semble si différente de la sienne.  Bientôt, alors que le père travaille au loin, la jeune père propose à Madeline de s'occuper du garçon, de passer avec lui ses après-midi, puis de partager leurs repas. L’adolescente entre petit à petit dans ce foyer qui la fascine, ne saisissant qu'à moitié ce qui se cache derrière la fragile gaieté de cette mère et la sourde autorité du père. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard."

Encore le premier roman d'une jeune auteur Américaine et encore l'impression que ce roman n'est qu'une ébauche (mais une déjà bien belle ébauche)  avant une explosion de son talent.

Cette histoire peut se résumer en une expression: non-dits. Ce qui, je le sais, va être hyper frustrant pour la plupart des lecteurs qui n'aiment pas rester sans réponse aux pourquoi! Dans son roman, Emily suggère tout mais n'explique rien. Les informations nous sont apportées par bribes, filaments, comme des souvenirs dont on n'a plus que quelques contours flous. Les indices sont distillés, menaçants, annonçant le drame (que je ne spoilerai pas). Le passé des personnages, leur vie avant leur rencontre ne sont qu'effleurés en pointillés, leurs émotions, réactions jamais complètement affirmées et tout cela est enveloppé par un voile de mysticisme.  

On a l'impression que les personnages se laissent emporter par la fatalité sans réagir alors qu'ils sont conscients qu'ils se dirigent vers une catastrophe, des pantins spectateurs plutôt que des Hommes acteurs. 

Cela en fait un roman "remuant" à défaut d'être complètement bouleversant dont j'ai aimé parcourir les pages même si j'ai l'impression d'être passée parfois à côté d'une partie de ce que l'auteure souhaitait nous livrer. Un roman de 280 pages rédigées sur le papier et autant de pages (sinon plus) à écrire par le lecteur avec son imagination pour recoller les morceaux et créer du lien dans les événements et la vie des personnages.

Une auteure qui nous demande de lire entre ses lignes? D'y mettre un peu (beaucoup) de nos représentations, de nos peurs, de nos envies... de nous? Ce n'est pas banal! Et rien que pour ça, il me semble que cela vaut le coup de tenter l'expérience d'Une Histoire des Loups.