"Les fugueurs de Glasgow" de Peter May (Editions Babel Noir): superbement noir

Les fugueurs de Glasgow m'a rappelé un roman qui fut un de mes derniers grands coups de cœur: l'incroyable Nous rêvions juste de liberté d'Henri Loevenbruck. La sombre fuite en avant des Shuffle de May résonnant comme un écho à celle des Spitfires de Loevenbruck. 
Une belle aventure noire, comme je les aime.

Pitch (4ème de couv):
"C'était les sixties. Une génération décidée à bousculer l'horizon s'engageait dans une décennie d'aventures et d'expériences nouvelles. Ils étaient cinq gamins de Glasgow, grandis dans des familles modestes et réunis par l'amour du rock. Au son des Stones et des Kinks, de cette musique révolutionnaire, violente et romantique qui déferlait sur le Royaume-Uni, ils décidèrent de fuir jusqu'à Londres, ville inconnue où les attendait, forcément, le plus brillant des destins. Ils étaient cinq et seulement trois d'entre eux revinrent à Glasgow avant même que ne finisse cette année 1965.
Cinquante ans plus tard, un meurtre brutal réunit les trois vieux Écossais dans un ultime acte d'amitié: ensemble, ils remontent jusqu'à la nuit terrible qui vit mourir deux hommes et disparaître pour toujours la jeune fille qui les accompagnait."




Au-delà de nous plonger dans le périple de la bande des cinq (+ une fille), May nous immerge aussi dans une époque, activant le bouton nostalgie à plein gaz. Incongru de parler de bande originale pour un livre? Et pourtant: les Beatles, les Stones, les Who et les Kinks résonnent dans la tête, accompagnant la lecture aussi bien qu'une B.O peut mettre en valeur un film. May pose aussi le contexte socio-économique, décrivant la réalité d'un Royaume-Uni pas si uni que ça! Avec d'un côté Londres, la rayonnante, celle où naissent les espoirs, où tout semble possible et où tout se passe mais qui ferme les yeux sur ce qui se passe au delà de ses limites. Car de l'autre côté les villes périphériques, industrielles, font suffoquer les modestes gens, les repoussant dans des quartiers loin des yeux, loin du cœur. 

Ces cinq garçons se sont donc laisser aveugler par la carte postale londonienne, et pourtant ils auraient dû voir dans leur chaotique début de voyage un mauvais présage... Mais ils s'entêtent, touchent presque du doigt Dylan et Lennon et, seuls dans cette grande ville, se fient aux personnes qui leur tendent la main... même si, sans le savoir, cette main scellera la fin de leur voyage et de leur amitié. Ils expérimentent l'amour, la drogue et le rock'n'roll... Classique! Mais ils sont aussi entraînés dans l'expérimentation d'un courant psychiatrique un brin psychédélique. 

Bien sûr, cela se finira mal. Bien sûr, il y aura des morts. Mais pourtant l'essentiel n'est pas dans le meurtre et sa résolution. L'essentiel est dans ce que Jack, Jeff, Maurie, Luke, Dave ont vécu et peuvent encore vivre cinquante ans après, et sur le sens qu'ils (re)donnent à ces quelques mois d'aventure partagée en 1965.
Une bien belle histoire. 🖤

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