"Et toujours les Forêts" de Sandrine Collette (Editions JC Lattès): le monde d'après

Je vous mets au défi de rester indifférents face à cette histoire née de l'imagination de Sandrine Collette. Une histoire qui résonne très étrangement à la lumière de l'actualité menaçante des derniers mois sur notre planète et depuis cette explosion à Beyrouth hier. 
Le post-apocalyptique à portée de main... et si c'était demain?

Pitch (4ème de couv):
"Corentin, personne n'en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s'en débarrasser.
Traîné de foyer en foyer, cette dernière l'abandonne finalement à Augustine, l'une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l'aïeule, une vie recommence.
A la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente.
Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n'en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare.
La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Guidé par l'espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, avec pour obsession la renaissance d'un monde désert, et la certitude que tout ne s'arrête jamais complètement."


A trop tirer sur la corde de la nature, elle finit par imploser. Après son déjà incroyable Juste après la vague, Sandrine Collette décide à nouveau de pousser les Hommes dans leurs retranchements pour survivre face à une nature devenue poussière et hostile depuis sa destruction massive par ce qu'elle appelle "la chose".  Quitte à ce que les survivants se laissent envahir par des instincts animaux et des comportements honteux. Quitte à ce qu'ils les brandissent en excuse au nom de la survie de l'espèce. La frontière du bien et du mal? On en n'est plus vraiment à se poser cette question-là.

Corentin, c'est le personnage-cobaye qu'a choisi l'auteure pour cette expérience terrible. Pas de bol! Avec en plus un sacré handicap au départ de sa vie: l'abandon de sa mère, la privation d'amour. Obligé de se construire comme il peut, en imitant les sentiments des autres pour se faire aimer. Une vie frénétique factice au milieu d'amitiés-mirages qui se feront la malle avec la catastrophe. Et alors qu'il aurait presque été plus facile de se laisser mourir, Corentin se met en marche pour retourner aux sources, au cœur des Forêts, auprès de son arrière-grand-mère Augustine, la seule qui l'ait jamais aimé. Celle qu'il avait laissé tomber pour les lumières folles de la Grande Ville. 
Satanée pulsion de vie, satanée quête d'amour! Car du moment où il décide d'avancer et de retourner aux Forêts, il décide également de se faire mal à chaque réveil. Il espère la renaissance du monde d'avant? Il n'aura, jour après jour, que la réalité du monde d'après devant ses yeux: froid et presque entièrement mort. 
Les enfants peuvent-ils être le salut? Sandrine Collette interroge, comme dans Juste après la vague, leur pouvoir d'émerveillement et de résilience, leur capacité à construire et voir le monde autrement des parents-adultes qui n'ont su jusque là que le conduire à sa perte.  

Dérangés, bouleversés, désespérés, effrayés? Vous allez être traversés par tout cela dès que vous plongerez dans ce roman. Parce que ce Sandrine Collette (d)écrit n'est pas si loin. Parce que ça pourrait en effet tout nous péter à la gueule demain. Ou au mieux dans quelques centaines d'années. La sixième extinction est déjà en marche. 
Et alors, quels Hommes choisirons-nous de devenir? Serons-nous de ceux qui se laisseront mourir, de ceux qui marcheront sans s'arrêter, de ceux qui seront prêts à tuer pour survivre, de ceux prêts à partager, de ceux prêts à voler, de ceux prêts à violer ?

Avant d'entamer la lecture, un conseil: regardez par votre fenêtre, et sentez, écoutez, observez. Faites-le plein de couleurs, de bruits, d'odeurs, le plein de vie! Et rassurez-vous, en tournant la dernière page de Et toujours les Fôrets: ce n'était qu'un roman... Pour le moment!

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