"Mille femmes blanches" de Jim Fergus (Editions Le Cherche Midi): Squaw. Devenir. Vouloir. Moi.

La petite histoire de Jim Fergus s'ancre dans la Grande Histoire des Indiens d'Amérique. Une fantastique ode à la liberté et à la tolérance à travers le regard de May, femme résolument en avance sur son temps dans cette Amérique Blanche étriquée, pleine de préjugés et de principes et certaine de sa supériorité sur les autres peuples. Un roman-pépite d'une grande puissance émotionnelle.

Pitch (4ème de couv):
"1875. Little Wolf, un chef cheyenne, est à Washington pour faire une incroyable proposition au président Grant. Il lui demande, en échange de chevaux, de lui faire présent de mille femmes blanches, afin de les marier à ses guerriers, dans le but de favoriser l'intégration. Grant accepte le marché et envoie les premières femmes dans les contrées reculées du Nebraska. La plupart "recrutées" sous la contrainte dans les pénitenciers et les asiles du pays."


Mille femmes blanches est un roman qui pose la question du regard que l'on pose sur la différence et de ce que cela peut faire naître, de plus terrible comme de plus lumineux. 
Lorsque Little Wolf, grand chef cheyenne, propose le mélange des couleurs comme compromis pour une paix durable entre les Blancs et les Indiens, il y voit une opportunité de mêler les cultures pour mieux préserver la sienne. Le Président Grant, lui, y voit le moyen de soumettre ce peuple en le convertissant au mode de vie sédentaire pour mettre la main sur des terres qui regorgent de richesses.

May, femme blanche parmi mille autres promises et personnage emblématique de cette fresque, fait le choix forcé de se donner corps et âme aux Cheyennes. C'est le prix à payer pour sa liberté, elle qui a été internée de force par sa famille pour ne pas avoir fait le "bon" choix du père de ses enfants. Mais quitter son confort relatif de l'asile et perdre ses repères pour se lancer dans une aventure nomade ne se fait pas sans craintes et sans larmes. Accompagnée dans cette folle aventure par d'autres femmes qui deviennent rapidement des amies, lsororité qui s'instaure devient une ressource inépuisable pour mieux s'intégrer et faire face aux coups durs. Adoptant leur mode de vie respectueux des Hommes et de la Nature et au service du bien-être de la communauté avant celui de l'individu, ces femmes finissent par ne plus chercher après le bonheur, concept-mirage absent de la culture indienne pour laquelle ne compte que la simplicité de vivre le moment présent. 
Le destin de May et ses amies va bientôt venir se mêler au destin des Cheyennes dont elles embrassent la cause et les valeurs. Au point de donner la vie pour leur permettre de survivre. Au point de mourir pour leur liberté.

Critique de la politique du gouvernement américain envers les amérindiens, ce roman est également un magnifique hommage à la culture indienne à travers une aventure aussi belle que tragique. L'immersion est totale et facilitée par le personnage de May auquel toute femme a envie de s'identifier. A travers ses yeux,  je me suis imaginée parcourir à dos de cheval ces grandes étendues herbeuses de l'Ouest américain, revêtir une robe en cuir d'antilope, aller à la rivière chercher de l'eau vivante ou encore dormir sous les peaux d'un tipi. Et je me suis amusée à me donner un nom de squaw: Woman who reads in water sera le mien.

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