"L’Énigme de la chambre 622" de Joël Dicker (Editions de Fallois): Ô rage! Ô gâchis! Ô déception ennemie!

Qu'est-ce que je disais déjà en juin 2018 après la lecture de La Disparition de Stéphanie Mailer? Ah oui, que j'espérais que ce roman soit "l'unique caillou dans la chaussure/carrière de l'auteur"... C'est raté!
L'idée de l'intrigue autour du meurtre aurait pu être bonne si sa mise en oeuvre n'avait pas été aussi catastrophique. Car à vouloir écrire à la fois une fiction et un hommage à son éditeur, Joël Dicker a dilué l'émotion et le suspense (et son talent?) comme jamais.

Pitch (4ème de couv):
"Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L'enquête de police n'aboutira jamais.
Des années plus tard, au début de l'année 2018, lorsqu'un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d'imaginer qu'il va se retrouver plongé dans cette affaire.
Que s'est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier?"


Joël Dicker s'est perdu et m'a fait perdre ma patience. Alors d'accord: il a été affecté par la mort de son éditeur qui était aussi son ami, Bernard de Fallois. Une douleur qui l'a aveuglé au point de lui faire perdre sa clairvoyance? Pour en arriver à l'idée de le rendre immortel en intercalant des souvenirs et anecdotes autobiographiques au milieu de la trame principale fictionnelle, certainement! Ce n'était pas le lieu pour ça Monsieur Dicker. Car vous avez gâché là un roman qui aurait pu avoir tout d'un grand.
 
Le décor est pourtant joliment planté par l'auteur, qu'on sent amoureux de sa ville et de son pays: de Genève à Verbier, de bureau de banque au Palace flamboyant, l’atmosphère respire le bon air de la Suisse dans des images qui sont certes classiques mais qui ont l'avantage de parler aux lecteurs du monde entier. 
Le casting des acteurs principaux, bien qu'un peu caricaturaux, reste aussi plutôt réussi: entre Macaire le fils-à-papa, Lev le bagagiste-rêveur et Anastasia la belle russe, le triangle amoureux n'a plus qu'à se mettre en place.. autour d'un meurtre! Autour de non-dits, de faux-semblants et d'une grande illusion (non je ne spoilerai pas pour ceux qui, malgré cette chronique, s'entêteront à vouloir lire ce roman). Cette clé de résolution apporte une certaine satisfaction en dévoilant les rouages qui ont conduit au meurtre, dans cette fameuse chambre 622. 
Cependant, à l'instar de son précédent roman, même si les bonnes idées sont là, leur mise en mots est plus laborieuse. Les fils ne sont pas toujours bien tissés, les explications parfois tirées par les cheveux dans un récit qui manque du coup de fluidité et parfois de crédibilité (bon, et je vais éviter d'en rajouter une couche avec les dialogues mais...aaaargh!). 

Alors alourdie et hachée par les états d'âme de l'auteur en deuil, l'enquête prend l'eau de toute part. L'émotion est diluée le suspense est piétiné. Et je finis par être agacée!
Ô rage! Ô graaaaaaande déception! Ô comme j’aimerais que Joël Dicker retrouve vite ses esprits et son talent! 

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