"Le monde n'existe pas" de Fabrice Humbert (Editions Gallimard): que le lecteur qui a compris la fin du roman lève la main! Personne?

Frustration que ce roman! Ou plutôt frustration que la conclusion de ce roman! Qui n'en est pas une. Qui ajoute de la confusion à cette histoire déjà bien borderline entre enquête policière, décorticage de la machine médiatique et dystopie. 
Peut-être trop pointu pour mon esprit majoritairement cartésien. 

Pitch (4ème de couv):
"Lorsque Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché de tous, il le reconnait aussitôt: il s'agit d'Ethan Shaw. Le bel Ethan, qui vingt ans auparavant était la star du lycée et son seul ami, est accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Mais à mesure qu'il se confronte au passé, toutes ses certitudes vacillent..."


Fabrice Humbert décide de faire d'un meurtre un outil de décryptage du grand manitou Média et de sa folle manipulation du réel et des esprits. Dans un style littéraire exigeant, l'auteur décrie (oui du verbe décrier) la façon dont les journaux en tous genre fictionnent les faits divers les plus sordides. En usant d'outils narratifs calibrés et reproduits, de chaines d'info en chaines d'info, pour rendre addictifs, quitte à piétiner la réalité. Le Média utilisé comme super machine par le pouvoir politique pour manipuler les foules. 
Ce côté "pédagogique" du roman, illustré par des exemples contemporains concrets, ne manque pas d'intérêt. L'objectif est alors de démonter, pièce après pièce, la culpabilité d'Ethan Shaw, acteur-coupable idéal dans ce meurtre... qui n'existe peut-être pas?
Mais au moment où l'on pressent l'espèce de jeu de dupes qui se trame et qu'est finalement mise à mise à jour la "supercherie", Fabrice Humbert décide de nous laisser en plan sur une scène finale qui, si elle est l'allégorie du propos de son roman (la limite entre fiction et réalité), laisse complètement pantois. Tout ce que déteste une adepte du polar, qui attend une résolution et des explications.

Monsieur Humbert, je peux accepter de ne pas tout comprendre, mais je ne peux pas accepter de ne rien comprendre du tout. Parce que ça me donne l'impression d'être bête et que ça froisse ma susceptibilité de lectrice. Alors je suis (pas vraiment) désolée, mais votre roman ne restera pas au chaud dans ma bibliothèque. Mais peut-être trouvera t'il refuge auprès d'autres lecteurs moins chafouins.

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