"Dernier arrêt avant l'automne" de René Frégni (Editions Gallimard): une petite bulle de douceur et de langueur

Qu'a t'elle de particulier, Manosque, pour devenir une terre d'écrivains d'origine ou d'adoption de talent? René Frégni, marseillais d’origine, est tombé amoureux de la ville où naquit Pierre Magnan au point d'en faire son refuge pour écrire. Et il fut impossible pour moi pendant cette lecture, de ne pas voir dans l'écriture de Frégni l'ombre de Magnan. Car avec  Derniers arrêts avant l'automne, le crime n'est qu'un prétexte (voire un détail?) pour parler d'Hommes et de Vie. Et par contraste du noir, mieux éclairer la douceur de la nature et la marche du temps qui passe et des souvenirs qui restent.


Pitch (4ème de couv):
"Le narrateur, écrivain, a trouvé un travail idéal dans un village de Provence: gardien d'un monastère inhabité, niché dans les collines. Il s'y installe avec pour seule compagnie un petit chat nommé Solex. Un soir, en débroussaillant l'ancien cimetière des moines, il déterre une jambe humaine fraîchement inhumée. Mais quand il revient avec les gendarmes, la jambe a disparu... Qui a été tué? Et par qui?"

(ne vous fiez pas au pitch, qui ne rend pas du tout compte de la valeur du roman!!!)



D'abord, on se fait envelopper par l'écriture de René Frégni. On y ressent l'amour des mots, des tournures, des belles phrases. L'auteur joue avec les sons, avec le rythme pour en faire une petite musique douce et apaisante, quasi hypnotisante. 
Ensuite, on se fait happer par le monastère, qui, éclairé du soleil ou de la lune, par la lumière dorée de l'automne ou celle froide de l'hiver, devient un personnage inquiétant, protecteur, mystérieux ou mystique.
Enfin, on apprivoise cet homme, écrivain-voyageur souffrant du syndrome de la page blanche, qui se retrouve (presque) par hasard gardien de ces lieux. En espérant y retrouver l'inspiration. Pour y trouver finalement un asile loin des tumultes de l'actualité, lui permettant de revenir à l'essentiel, la nature, le travail manuel, la solitude, ce qui lui laisse tout le loisir de se souvenir des madeleines de Proust de son enfance. Alors découvrir un bout de jambe en décomposition, dans ce cocon de pierre, va perturber un tant soit peu sa routine. Mais lui permettre aussi de sortir de cette spirale de langueur et déclencher à nouveau l'envie d'écrire et de reprendre la route pour de nouvelles rencontres.

A l'instar du narrateur qui fait une halte dans ce monastère, Dernier arrêt avant l'automne offre une pause bienvenue dans la frénésie de nos existences. 
Ce roman aura suscité chez moi l'envie d'explorer un peu plus l'oeuvre de cet auteur provençal. Avec comme prochain achat à venir, le roman qui semble faire l'unanimité parmi les lectrices/blogueuses: Les vivants au prix des morts. J'ai déjà hâte qu'il rejoigne ma Pile à Lire. Et de vous en parler dans une prochaine chronique. 

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