"Miss Islande" d'Audur Ava Olafsdottir (Editions Zulma): une petite pépite islandaise

Les éditions Zulma font voyager en terre étrangère... mais pas seulement! Les trois romans que j'ai lu édités par cette maison ont également en commun d'être nimbés de poésie, douceur et simplicité. J'avais beaucoup aimé le roman iranien C'est moi qui éteins les lumières, été bercée plus récemment par l'histoire Le Berger de l'Avent. Miss Islande ne déroge pas à la règle: c'est encore une fois une parenthèse de lecture enchantée!

Pitch (4ème de couv):
"Islande, 1963. Hekla, vingt et un ans, quitte la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavik. Il est temps d'accomplir son destin: elle sera écrivain. Sauf qu'à la capitale, on la verrait plutôt briguer le titre de Miss Islande.
Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d'énergie créatrice, entrainant avec elle Isey, l'amie d'enfance qui s'évade par les mots - ceux qu'on dit et ceux qu'on ne dit pas -, et son cher Jon John, qui rêve de stylisme entre deux campagne de pêche"


Miss Islande dénonce le sexisme, l'homophobie, le racisme et toutes les exclusions. Mais sans colère, ni rancoeur. En racontant l'histoire d'Hekla qui veut devenir écrivain. Mais Hekla est une femme. Et devrait donc, selon la logique de l'époque, être belle et se taire. Et se contenter de cuisiner pour éviter de faire de l'ombre à son amoureux de poète. Et puis il y a son plus cher ami également, Jon John, homosexuel. Qui se fait tabasser s'il ose ne serait-ce qu'un regard envers un homme, puisque qu'homosexuel est synonyme de déviant et de violeur d'enfant. Et Isey, enceinte jusqu'au cou, qui espère s'évader en couchant ses pensées, même les plus étranges, sur des cahiers qu'elle cache à son mari. Qui dans une même phrase peut dire en même temps tout son bonheur et toute sa peine. Déchirée entre ses rêves d'écriture et sa réalité de mère au foyer.

Miss Islande raconte les tiraillements existentiels d'hommes et de femmes d'Islande qui se sentent étriqués et limités sur leur île, dans leur temps, dans la société, où domine le pouvoir de l'homme blanc hétérosexuel (cela a t-il vraiment changé???). Mais qui continuent d'avancer pour trouver le chemin vers la liberté et l'accomplissement de soi, même si pour cela ils devront se résoudre à quelques (grandes) concessions.

Audur Ava Olafsdottir, de sa plume toute en sensibilité, enrobe son roman de poésie. Sous le tapis d'une simple petite phrase se cache une montagne d'émotions. Particulièrement dans les échanges entre Isey et Hekla qui sont de véritables pépites. De la tendresse s'invite dans chaque scène, la pudeur entoure les interactions entre les personnages. Le père d'Hekla qui parle de volcan à sa fille, c'est sa façon à lui de lui dire Je t'aime. 

Un roman qui en raconte bien plus que ce ses mots disent. Je comprends l'engouement et le Prix Medicis Etranger. 
Bravo Mme Olafsdottir! Et encore une fois, merci aux Editions Zulma pour ces romans-pépites!

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