"Pandemia" de Franck Thilliez (Editions Pocket): mise en abîme flippante

Lire Pandemia en pleine pandémie est un brin déroutant. Je déconseille d'ailleurs de mettre ce roman entre les mains de complotistes qui trouveraient dans cette histoire des arguments en faveur d'un méchant Chinois qui aurait laissé intentionnellement la COVID sortir d'un labo. Oui parce que les complotistes ne sont pas bien malins: ils ne vérifient pas leurs sources et se servent aussi de la fiction pour nourrir leurs théories.
Mais pour les autres lecteurs, un poil plus cortiqués et adeptes de frissons: A vos masques, prêts, partez!

Pitch (4ème de couv):
"Comme chaque matin, Amandine a quitté sa maison de verre pour les locaux de l'institut Pasteur. Mais ce matin-là est particulier. Appelée pour des prélèvements à la réserve ornithologique du Marquenterre, la microbiologiste est déconcertée: trois cadavres de cygnes gisent sur une étendue d'eau.
En forêt de Meudon, un homme et son chien ont été abattus. Dans l'étang tout proche, un sac de toile contenant des ossements: quatre corps en kit. 
Et pendant ce temps, une grippe à la souche non identifiable vire à l'épidémie et fauche jusqu'aux plus robustes du quai des Orfèvres, mettant à l'épreuve Franck Sharko et Lucie Hennebelle..."


Sorti en 2014, Pandemia fait froid dans le dos à la lueur de ce que nous traversons actuellement. Franck Thilliez imagine là un projet criminel de propagation de virus à visée eugéniste qui menace la vie humaine mais aussi vise à fragiliser notre système économique, social, hospitalier et j'en passe et des meilleurs. Alors avait-il une boule de cristal? Pas forcément. L'auteur a juste osé concrétiser sur papier un évènement destructeur potentiel, en allant faire un petit tour du côté de l'Institut Pasteur et de ses recherches en microbiologie.  
Et ce qui est assez dingue, c'est que de façon paradoxale, en rajoutant de gros pervers, tueurs en série, suppôt de Satan comme moteurs de concrétisation de ces possibles catastrophes documentées, le lecteur a l'impression d'être protégé de cela dans la vie réelle...  Mais fini ce sentiment de sécurité! La fiction a rejoint la réalité: on est dans la merde jusqu'au coup! Mais alors, le darkweb dans lequel plonge Sharko? ... Brrr, ça me donne des frissons rien que d'oser y penser. Je n'ai pas fini d'en faire des cauchemars!
  
Pandemia clotûre (à confirmer avec le prochain Sharko), la série "Homme en Noir" qui a mené Sharko dans les abysses de la noirceur humaine, faisant des dégâts dans son être et dans son équipe. Avec une grosse grosse envie de hurler "NOOOOON", quand "BIIIIIP" (alarme antispoil) est retrouvé(e? suspense...) crucifié(e? re suspense...). Alors le lecteur n'a plus qu'une envie, à l'instar de l'enquêteur: retrouver ce fumier et lui faire la peau. Pour en finir une bonne fois pour toute!
Une sombre aventure qui se déroule toujours sur un rythme effréné, sans répit possible. Une plongée dans l'horreur qui est une nouvelle fois diaboliquement efficace. 
Monsieur Thilliez a décidemment parfaitement compris comment satisfaire son lectorat. Bravo!

Commentaires

Articles les plus consultés